Plusieurs pays européens ont affiché avec fermeté vendredi leur opposition à la politique de quotas obligatoires prônée par Berlin et Bruxelles pour intégrer le flot ininterrompu de réfugiés qui gagnent l’Europe dans des conditions parfois controversées, comme en Hongrie.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, appuyé par son homologue luxembourgeois Jean Asselborn dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, s’est rendu à Prague pour tenter de convaincre les chefs de la diplomatie des pays du groupe de Visegrad (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie).
Mais la rencontre ne semble pas avoir rapproché les points de vue: les pays « doivent avoir le contrôle sur le nombre de réfugiés qu’ils sont prêts à accepter », a martelé devant la presse le chef de la diplomatie tchèque Lubomir Zaoralek. Une position déjà défendue jeudi par la Roumanie, et rejointe par le Danemark, qui comme le Royaume Uni et l’Irlande dispose d’une option de retrait de la politique d’asile de l’Union européenne.
A Prague, le chef de la diplomatie allemande a réitéré le « besoin de solidarité européenne » face à la crise migratoire actuelle qui est, selon lui, « peut-être le plus grand défi de l’histoire de l’UE ».
Berlin, qui s’est dit prêt à accueillir jusqu’à 800 000 réfugiés cette année, pourrait en recevoir 40 000 rien que ce week-end, selon M. Steinmeier. Soit le quart des 160 000 arrivants que la Commission européenne souhaite répartir dès la semaine prochaine dans l’ensemble de l’UE. Selon les autorités allemandes, 4 000 soldats seront mobilisables pour prêter apporter leur aide en cas « d’urgence » à ces réfugiés provenant pour la plupart de Syrie.
Si les Européens ne surmontent pas leurs divisions lors d’une réunion extraordinaire des ministres de l’Intérieur prévue lundi à Bruxelles, un sommet des 28 au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement sera convoqué, a prévenu le président du Conseil européen Donald Tusk.
La Hongrie a proposé pour sa part d’intégrer aux discussions la Serbie et la Macédoine, des pays également submergés par l’afflux de candidats à l’exil fuyant surtout la Syrie, en organisant une conférence commune avec l’UE.
AFP / S.A.
Nouveau record de migrants
Entre jeudi et vendredi, un record de 7 600 migrants sont entrés en douze heures en Macédoine, selon l’ONU. Plus au nord, à Presevo, en territoire serbe, des centaines de migrants attendaient aussi les documents leur permettant de poursuivre leur voyage à travers cette ex-république yougoslave vers la Hongrie, porte d’entrée dans l’Union européenne.
« Le seul but de cet exode c’est de survivre », expliquait Wahid Rashid, 37 ans, qui tentait tant bien que mal de sécher son passeport, trempé par les pluies de la nuit, au dessus d’un feu de bois improvisé. Budapest espère bloquer net leur passage dès le 15 septembre grâce à une double clôture de fils de fer barbelés à la frontière serbe, et a annoncé avoir déployé 3 800 soldats dans la zone avec pour « tâche prioritaire » d’en accélérer la construction par des prisonniers réquisitionnés.
En dépit des premières installations barbelées, 3 600 migrants sont parvenus à pénétrer dans le pays jeudi, un nouveau record, selon un décompte de la police.
En revanche, en Grèce, sur l’île de Lesbos, où quelque 22 500 migrants, soit plus du quart de la population, ont été recensés depuis lundi, la situation « se normalise », selon le ministre de la Marine marchande Christos Zoïs, grâce à la mise en place de navettes spéciales vers le continent. Mais en soulageant Lesbos, ces départs tendent la situation aux frontières nord du pays avec la Macédoine, étape suivante de l’odyssée des migrants.