En ce début d’année 2018, sept ans après ce qui a marqué le début du printemps arabe, la Tunisie connaît depuis quelques semaines un nouvel épisode de contestations et de violences sociales. En cause, la loi des Finances votée le 9 décembre dernier par l’Assemblée des Représentants du Peuple (APR).
Les dernières violentes contestations sociales en date avaient contribué à écourter la durée de vie du gouvernement d’Habib Essid, remplacé par l’actuel premier ministre, Youssef Chahed, en août 2016.
Aujourd’hui, règne en Tunisie un sentiment de « déjà vu », bercé par l’amertume. Loin derrière la révolution, l’euphorie de l’ «après Ben Ali », le 14 janvier 2011, alors qu’il était au pouvoir depuis 24 ans.
Aujourd’hui, place à une transition jugée sans fin, à des espoirs transformés en désillusion, à la consternation, voire, la résignation.
Pour Hichem Ajbouni, membre fondateur du Courant démocratique (Attayar), contestataire de la loi, «le peuple en veut au gouvernement pour sa politique d’austérité, qui vise à augmenter les taxes sur les produits de premières nécessité».
Il pense que «la loi va freiner les investissements et la consommation, ce qui va allonger la crise économique et, par conséquent, la baisse du pouvoir d’achat des Tunisiens et notamment celui des classes sociales démunies».
«Qu’est-ce qu’on attend?»
Et pour cause, depuis début janvier, la campagne «Fech Nestanew» (Qu’est-ce qu’on attend?) est à l’initiative de la vague de contestation sociale qui traverse le pays.
Elle a organisé plusieurs marches, dont la principale le 9 janvier, avenue Bourguiba.
Le mouvement, porté par des jeunes de tous bords politiques, demande la révision de la loi. Mais les jeunes veulent plus encore: que leurs efforts d’aujourd’hui ne soient pas vains pour demain.
Et pour que le mouvement prenne de l’ampleur, ils distribuent des tracts, communiquent sur les réseaux sociaux.
«Fech Nestanew» veut laisser son empreinte, raviver la flamme, pour sentir à nouveau le parfum de la révolution, celui du jasmin…
Elyes, 24 ans, fait partie du mouvement. Pour lui, » il est important que les jeunes n’abandonnent pas l’idée de vivre dans un pays stable politiquement et économiquement».
Et d’ajouter: «Nous devons nous battre, manifester et faire entendre raison à nos dirigeants, qui, selon moi, sont incompétents.»
Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à la Tunisie dans votre Quotidien du 19 janvier.
Sarah Melis