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Norvège : Breivik fait un salut nazi lors de son procès


Le tueur d'extrême droite Anders Behring Breivik, lors de son arrivée au tribunal de la prison de Skien, en Norvège, le 15 mars 2016. (Photo : AFP)

L’assassin d’extrême droite Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en Norvège en 2011, a donné le ton mardi au premier jour du procès qu’il a intenté contre l’État sur ses conditions de détention, en faisant le salut nazi.

Crâne totalement rasé, en costume sombre, chemise blanche et cravate dorée, Breivik est entré dans le prétoire, un gymnase de la prison de Skien (sud) transformé pour l’occasion, s’est tourné vers la presse, puis a tendu le bras droit, sans prononcer un mot. Certains redoutaient par avance qu’il tente de faire de ce nouveau procès une tribune pour diffuser son idéologie. Le 22 juillet 2011, Breivik avait tué 77 personnes, huit en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo et 69, des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu sur un camp d’été de la Jeunesse travailliste sur l’île d’Utøya.

L’extrémiste de 37 ans a été condamné en 2012 à 21 ans de prison, peine susceptible d’être prolongée s’il reste considéré comme dangereux. Pour des raisons de sécurité, le procès de quatre jours se tient derrière de hautes murailles grisâtres dans le gymnase de la prison de Skien, à 130 km au sud-ouest d’Oslo, où il purge sa peine sous un régime de haute sécuriré. Ce nouveau salut nazi est une variante de celui, personnalisé, qu’il avait effectué à plusieurs reprises pendant son propre procès en 2012. Le geste consistait alors à porter son poing droit sur le coeur puis tendre le bras.

Dans une lettre envoyée le 27 octobre 2014, celui qui se disait jusqu’alors «militant nationaliste» avait annoncé son «allégeance au national-socialisme». Une fois assis entre ses avocats et sous étroite surveillance, il a longuement dévisagé les membres de l’assistance, essentiellement des journalistes rassemblés dans la grande salle où l’on voit encore un mur d’escalade, deux paniers de basket et des barres d’exercice. La première journée du procès doit être consacrée aux déclarations liminaires des avocats des deux parties. Breivik s’exprimera pour sa part pendant environ trois heures mercredi matin. Il ne sera pas filmé, par égard pour les proches des victimes, mais aussi pour l’empêcher d’envoyer des signaux à des sympathisants.

Il reproche à l’État d’enfreindre deux dispositions de la Convention européenne des droits de l’Homme, l’une interdisant les «peines ou traitements inhumains ou dégradants», l’autre garantissant le «droit au respect de sa vie privée (…) et de sa correspondance».

« Torture »

Dans ses remarques liminaires mardi, son avocat Øystein Storrvik a souligné que ce procès sur les conditions de détention était d’autant plus important que Breivik va probablement «passer toute sa vie en prison». A maintes reprises, Breivik a qualifié son régime carcéral de «torture». Il souffre de «séquelles évidentes» à cause de son isolement, affirme aujourd’hui M. Storrvik. «Une de ses principales activités était d’étudier, mais maintenant il a arrêté et c’est selon moi un signe que l’isolement est néfaste à sa santé psychologique», a expliqué M. Storrvik avant le procès.

Les visites, rarissimes, sont presque exclusivement le fait de professionnels, derrière une paroi de verre, et la correspondance de Breivik est passée au crible par les autorités qui jugent cela indispensable pour l’empêcher de former un «réseau extrémiste». Le Bureau du procureur général, qui défend l’État, estime que les conditions de détention sont «largement conformes à ce qui est permis» par la Convention européenne des droits de l’Homme. «Il y a des limites à ses contacts avec le monde extérieur qui sont bien sûr strictes (…) mais il n’est pas totalement privé de tout contact avec d’autres personnes», a déclaré le juriste qui défendra l’État, Marius Emberland, citant ses interactions avec le personnel d’encadrement notamment.

Breivik dispose de trois cellules, l’une de vie, l’autre d’études et la troisième pour les exercices physiques, avec un téléviseur, un ordinateur –sans internet– et une console de jeux. Il peut aussi cuisiner et laver son linge, activités proposées en vue d’une –hypothétique– réinsertion dans la société norvégienne. En novembre, le Défenseur des droits norvégien a estimé que le régime carcéral de Breivik comportait «un risque accru de traitement inhumain». Mais selon la radiotélévision publique NRK, le personnel médical n’a pas observé d’altération grave de sa santé mentale.

Le Quotidien/AFP