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Nobel : la Colombie parmi les favoris pour la paix


Des Colombiens célèbrent l'accord de paix avec les Farc dans le centre de Bogota, le 26 septembre 2016. (Photo : AFP)

Les anciens belligérants en Colombie sont parmi les favoris au Nobel de la paix cette année, même si pour ce prix comme pour les autres décernés à partir de lundi, spéculation ne rime pas forcément avec prémonition.

La saison s’ouvre avec le prix de médecine lundi à Stockholm, suivi de ceux de physique et chimie, puis la paix le 7 octobre à Oslo. Le prix d’économie est prévu le 10.

L’académie suédoise a fixé au 13 octobre la date de l’annonce du Nobel de littérature, une semaine plus tard que de coutume. «Il ne faut y voir aucun signe de désaccord entre académiciens. La réalité est plus simple: nos statuts prévoient que nous nous réunissions quatre jeudis de suite à partir de l’avant-dernier jeudi de septembre avant d’annoncer le lauréat», a expliqué l’académicien Pär Wästberg.

L’Institut Nobel norvégien a été inondé par les candidatures au prix de la paix: 376, soit une centaine de plus que le précédent record de 278 établi en 2014. Deviner qui sera honoré est un exercice compliqué, sinon vain. Mais experts, commentateurs et promoteurs de paris voient bien placés le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), qui ont signé un accord de paix historique lundi.

Autres noms cités pour la paix: la militante russe des droits de l’Homme Svetlana Gannouchkina, les négociateurs de l’accord sur le nucléaire iranien, Ernest Moniz et Ali Akbar Salehi, des habitants des îles grecques aidant les migrants, le docteur congolais Denis Mukwege qui soigne les femmes violées, ou l’Américain qui a révélé l’ampleur de la surveillance électronique par la NSA, Edward Snowden.

Réfugiés en Russie, en Grèce

Dan Smith, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, verrait de dignes lauréats dans le président colombien Juan Manuel Santos et le leader des Farc Rodrigo Londoño, alias Timochenko, même si l’encre de l’accord est à peine sèche.

«Mon espoir est que le Comité Nobel à Oslo soit inspiré par la décision de son prédécesseur d’attribuer le prix en 1993 à Nelson Mandela et Frederik de Klerk, artisans d’une fin pacifique à l’apartheid», explique-t-il. Kristian Berg Harpviken, son homologue à l’institut de recherche sur la paix d’Oslo, le Prio, acquiesce. «Les deux parties ont eu la volonté de s’attaquer aux questions difficiles, et la conclusion du conflit semble de plus en plus irréversible», a-t-il estimé.

Pourtant lui voit plutôt Mme Gannouchkina l’emporter. Couronner ses décennies de lutte pour les droits des réfugiés et migrants en Russie enverrait un signal fort à un moment où «l’accueil des réfugiés devient polémique à un point inquiétant en Occident». Pour les parieurs, les Grecs insulaires qui sauvent des vies et viennent en aide aux réfugiés venus des côtes turques voisines sont les lauréats les plus probables. Le prix 2015 avait cependant montré la difficulté des pronostics, en récompensant les acteurs de la transition de la Tunisie vers la démocratie, auxquels nul ne songeait.

Enfin un écrivain américain ?

Pour l’autre prix très commenté, celui de littérature, certains noms reviennent année après année parmi les conjectures. Le romancier japonais Haruki Murakami a encore la meilleure cote chez les parieurs. Le poète syrien Adonis et le romancier kényan Ngugi wa Thiong’o sont cités aux côtés d’auteurs américains mondialement célèbres comme Don DeLillo, Philip Roth et Joyce Carol Oates. On pense aussi au Britannique Salman Rushdie, à l’Albanais Ismail Kadaré, à l’Israélien David Grossman, au Français Milan Kundera et au dramaturge norvégien Jon Fosse.

L’Académie suédoise «va soit choisir quelqu’un dont le nom revient depuis longtemps, soit surprendre tout le monde», avance le journaliste culture du quotidien Dagens Nyheter, Björn Wiman. «Je pense que ce sera Fosse», se hasarde-t-il. «Il est à part, un peu innovateur et ça fait longtemps qu’un auteur de théâtre n’a pas gagné le prix». Précisément depuis 2005 et le Britannique Harold Pinter.

Madelaine Levy, critique littéraire chez le concurrent Svenska Dagbladet, a rappelé l’absence des Américains depuis Toni Morrison en 1993. «C’est peut-être dû à un canevas d’écriture qui est hollywoodien et peut être vu comme moins littéraire, et au fait que certains sont trop productifs». L’écrivain et critique Sigrid Combüchen refusait cette charade. «Spéculer sur le nom du vainqueur est complètement idiot. C’est comme de demander au père Noël de nous dire ce qu’il a dans sa hotte».

En 2015, la Bélarusse Svetlana Alexievitch, favorite des parieurs, avait été choisie. Chaque prix est récompensé de huit millions de couronnes suédoises (831.000 euros), à se partager entre lauréats s’il y en a plusieurs.

Le Quotidien/afp