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Niqab et non-maîtrise de l’anglais : Cameron s’emballe


Les musulmanes portant le voile intégral et ne maîtrisant pas l'anglais sont dans le viseur du gouvernement Cameron. (Photo AFP)

Au lendemain de propos controversés de David Cameron sur les femmes musulmanes qui ne parlent pas anglais, le gouvernement britannique a lancé une nouvelle offensive mardi en laissant entendre que le voile intégral pourrait ne plus être toléré dans les écoles.

Lundi, le Premier ministre britannique a menacé d’expulsion les femmes musulmanes qui ne maîtrisent pas l’anglais, ce qui selon lui les rendent plus vulnérables aux appels des groupes extrémistes. David Cameron s’était aussi dit prêt à soutenir une interdiction du voile intégral dans des lieux comme les tribunaux, aux contrôles aux frontières ou dans les écoles. Sans pour autant aller jusqu’à légiférer ou décréter une prohibition totale, a-t-il toutefois nuancé.

Mais dans un pays qui se targue de sa tolérance et où il est fréquent de croiser des écolières voilées ou des femmes portant le niqab, ces déclarations ont sonné comme une remise en cause du modèle de liberté religieuse qui y est pratiqué.

Mardi, la ministre de l’Éducation Nicky Morgan a alimenté le débat en estimant qu’il appartenait aux établissements scolaires de tolérer ou pas le voile intégral pour les élèves comme pour les enseignants. « C’est vraiment aux écoles de décider (…) mais quand il s’agit d’enseigner aux jeunes enfants à lire et à écrire, il est très important de voir la bouche du professeur », a jugé la ministre, lors de la présentation d’un site internet destiné à prévenir la radicalisation des adolescents musulmans.

Amalgame et stigmatisation

Son intervention et celle de David Cameron ont été interprétées comme une invitation plus large aux hôpitaux, aux mairies et à la police d’imposer des codes vestimentaires plus stricts, qui excluraient le port du voile, selon les médias britanniques.

« C’est un pas dans la bonne direction », a commenté le député conservateur Philip Hollobone, lequel avait essayé de faire passer une loi interdisant le voile dans les lieux publics lors du premier gouvernement Cameron. « Je ne veux pas vivre dans un pays où les policières sont voilées, où les présentatrices du journal télévisé sont voilées, où les médecins et les infirmières sont voilées », s’est-il épanché mardi dans le Daily Telegraph.

Nombre de musulmans estiment que ce débat tient surtout de la stigmatisation et de la tactique politicienne dans un contexte de menace jihadiste. « Est-ce que les femmes musulmanes doivent prouver leur identité dans un aéroport ou un tribunal ? Oui, absolument. Le font-elles ? Oui, cela n’a jamais été un problème », a défendu Mohammed Shafiq, le directeur de la Fondation Ramadhan, militant pour de meilleures relations inter-communautaires. « Nous sommes d’accord que nous avons un problème avec l’extrémisme, la radicalisation et le fait que des gens rejoignent le groupe État islamique mais ce sont ces questions que nous devons régler, pas les questions mineures. »