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Nigeria : 500 jours après, les « lycéennes de Chibok » toujours détenues


Le 8 juillet dernier à Abuja, des membres du mouvement "Bring back our Girls" marchent à la rencontre du président nigérian. (photo AFP)

Le Nigeria marque jeudi le 500e jour de l’enlèvement des plus de 200 « lycéennes de Chibok » par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria où, malgré des revers militaires, le groupe islamiste continue de faire régner la terreur.

En dépit de l’énorme émotion internationale illustrée par le mouvement « Bring back our Girls » (« Rendez-nous nos Filles ») soutenu par une multitude de personnalités, de Michelle Obama à Angelina Jolie, et des efforts militaires des pays de la région, le monde reste sans nouvelles des jeunes filles, annoncées comme « mariées » ou vendues en esclavage.

Les militants islamistes de Boko Haram avaient fait irruption le 14 avril 2014 au lycée de Chibok, dans l’Etat de Borno, berceau de leur mouvement, pour y enlever 276 adolescentes qui se préparaient à passer leurs examens.

Cinquante-sept d’entre elles avaient réussi à s’échapper, mais le sort des 219 autres reste incertain. Un mois après l’enlèvement, une vidéo en montrait quelques dizaines, vêtues de noir et récitant le Coran avec résignation. Le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau, s’enflammait alors pour annoncer qu’elles avaient été converties à l’islam et « mariées » à des militants du mouvement islamiste. En fait, soumises au groupe et parfois vendues en esclavage à des militants, voire utilisées comme « bombes humaines » dans des attentats, selon des défenseurs des droits de l’Home,

Jeudi, le mouvement « Bring back our Girls » a prévu d’organiser diverses manifestations et une grande marche de soutien à Abuja, la capitale fédérale nigériane, pour marquer le 500e jour de l’enlèvement des jeunes filles.

Pour eux, l’espoir subsiste : le nouveau président Muhammadu Buhari « a donné sa parole qu’il fera tout ce qu’il peut pour que nos filles soient secourues, rendues à leurs parents, et qu’elles puissent retourner à l’école et continuer leurs vies », a rappelé Aisha Yesufu, porte-parole de « Bring Back Our Girls ». « Alors nous espérons que le nouveau gouvernement fera ce qu’il faut », a-t-elle ajouté.

Mariées, prostituées ou tuées

Mais pour Fulan Nasrullah, un analyste de sécurité respecté au Nigeria et connaisseur des arcanes de Boko Haram, « il n’y a plus d’espoir » de retrouver les filles de Chibok. « La plupart ont eu des enfants et sont mariées à leurs ravisseurs. Beaucoup ont été vendues sur le marché mondial du sexe et sont probablement prostituées au Soudan, à Dubaï ou au Caire », estime-t-il. « D’autres ont sans doute été tuées en tentant de s’échapper ou dans des frappes aériennes contre les camps où elles étaient retenues ».

Depuis l’hiver dernier, Boko Haram a en effet été chassé de pans entiers du nord-est du Nigeria qu’il avait conquis depuis sa création en 2009. L’armée nigériane, soutenue par les contingents de pays voisins, Tchad et Cameroun notamment, ont porté des coups sévères à Boko Haram début 2015 et repris certains bastions du mouvement, évinçant les islamistes des centres urbains où ils régnaient. Des centaines de captifs de Boko Haram ont été libérés, mais pas les lycéennes de Chibok.

Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, Boko Haram a enlevé plus de 2.000 personnes depuis quatre ans, dont un demi-millier ont été libérés ces derniers mois. Amnesty a comptabilisé 38 enlèvements de masse par Boko Haram depuis début 2014.

L’armée nigériane dit savoir où elles se trouvent

Les militaires nigérians assurent savoir où se trouvent les lycéennes de Chibok, dans les environs de la forêt de Sambisa, dans l’Etat de Borno (nord-est), mais expliquent qu’une opération militaire risquerait de mettre leur vie en danger. Selon Amnesty citant un haut responsable militaire nigérian, certaines des filles auraient pourtant été déplacées vers d’autres camps du mouvement, notamment au Cameroun et peut-être au Tchad.

Le président nigérian Muhammadu Buhari, qui a pris ses fonctions le 29 mai, a donné trois mois à ses militaires pour annihiler Boko Haram, tenu pour responsable de la mort de 15000 personnes depuis 2009. Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger et Bénin, se sont accordés à mettre en place une force multinationale de 8700 militaires pour éradiquer Boko Haram du nord-est du Nigeria et des confins du lac Tchad où le mouvement continue de semer la terreur avec des attentats suicide quasi quotidiens.

 

AFP / S.A.