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Nice : ce que l’on sait, quatre jours après l’attentat


Reproduction du permis de séjour de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, fournie le 15 juillet 2015 par la police française. (Photo : AFP)

Pas de lien établi avec des «réseaux terroristes», un profil qui intrigue: au quatrième jour après l’attentat de Nice, où Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, a lancé son camion dans la foule, faisant 84 morts, des zones d’ombres persistent.

Le procureur de la République de Paris, François Molins, tiendra une conférence de presse à 16h30.

PAS DE LIEN ÉTABLI AVEC DES RÉSEAUX TERRORISTES

Des liens entre Mohamed Lahouaiej Bouhlel et «les réseaux terroristes», notamment le groupe jihadiste État islamique (EI), «pour l’instant ne sont pas établis par l’enquête», a indiqué lundi matin le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Vendredi, le procureur Molins avait déjà affirmé que le tueur était «totalement inconnu» des services antiterroristes.

Pour autant, le groupe EI a revendiqué l’attentat samedi. Le mode opératoire utilisé à Nice répond à ses multiples appels aux meurtres dans les pays de la coalition engagée contre lui. Dans un message lancé en septembre 2014, son porte-parole officiel, Abou Mohammed Al-Adnani, encourageait à utiliser n’importe quelle arme disponible pour tuer, notamment des Français dans leur pays.

Aux côtés d’actions d’envergure comme les attaques du 13 novembre à Paris (130 morts) ou le crash d’un avion russe en Égypte le 31 octobre (224 morts), l’EI a déjà revendiqué des actions plus individuelles, comme l’attaque aux États-Unis d’un club gay d’Orlando le 12 juin, menée par un Américain d’origine afghane, qui a fait 49 morts, ou l’assassinat en France d’un couple de policiers à Magnanville (Yvelines) le lendemain.

QUESTIONS SUR UN SMS ENVOYÉ AVANT L’ATTAQUE

«Peu de temps avant» de lancer son 19 tonnes dans la foule massée sur la Promenade des Anglais pour admirer le feu d’artifice le soir du 14 juillet, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a envoyé un SMS qui intrigue les enquêteurs, selon des sources proches du dossier. Il y félicite son interlocuteur pour le «pistolet» qu’il lui a donné la veille. Puis il ajoute «alors on ramène cinq de chez ton copain», avant d’indiquer que c’est pour une autre personne «et ses amis».

Depuis son camion, qu’il avait loué quatre jours avant la tuerie, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a bien tiré avec un pistolet automatique calibre 7.65 sur les policiers qui l’ont tué. À qui auraient pu être destinées d’autres armes? Le destinataire du SMS, un homme de 22 ans, fait partie des six personnes interrogées en garde à vue, dont trois ont été transférées dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret, près de Paris, ont indiqué des sources proches de l’enquête.

«Si par hasard il a servi d’intermédiaire pour l’arme, s’il a vendu l’arme, ce n’est pas pour autant qu’il était au courant de l’entreprise terroriste», a déclaré son avocat, Me Jean-Pascal Padovani. Devant les enquêteurs, le jeune homme a affirmé que le pistolet avait en fait été fourni par un autre homme, un ressortissant albanais de 38 ans, lui aussi en garde à vue depuis dimanche avec sa compagne de 42 ans.

UN TUEUR AU PROFIL DIFFICILE À CERNER

Décrit à la fois comme dragueur, violent et dépressif, plutôt éloigné de la religion, Mohamed Lahouaiej Bouhlel ne présente pas à ce stade de l’enquête le visage d’un jihadiste chevronné. Arrivé en France en 2005, ce Tunisien de 31 ans y avait épousé une Niçoise, franco-tunisienne, avec qui il a eu trois enfants. Le couple était en instance de divorce et son épouse avait été victime de ses violences, selon son avocat.

Selon une source proche du dossier, Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait pour habitude de consulter des vidéos ultraviolentes, et parmi elles des scènes d’exaction de l’EI. Lors des auditions, des membres de son entourage en garde à vue l’ont décrit comme quelqu’un «qui n’avait pas d’intérêt pour la religion», mais au moins l’un d’eux a évoqué un basculement «récent» vers «l’islam radical», qui pourrait remonter à fin juin.

Le Quotidien/AFP