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Nagorny Karabakh : Erevan affirme que la bataille pour la ville clé de Choucha se poursuit


De violents combats opposent depuis fin septembre Erevan et Bakou pour le contrôle de cette enclave montagneuse qui avait déjà été l'objet d'une guerre ayant fait 30 000 morts à la dislocation de l'URSS (Photo : AFP).

L’Arménie a affirmé lundi que les combats se poursuivaient au Nagorny Karabakh pour le contrôle de la ville stratégique de Choucha, dont l’Azerbaïdjan avait annoncé la veille la capture, ce qui constituerait un tournant dans le conflit.

Les forces armées azerbaïdjanaises cherchent depuis la fin septembre à reprendre le contrôle de ce territoire séparatiste soutenu par Erevan et qui lui échappe depuis les années 1990. L’offensive lui a permis en six semaines de reprendre de nombreux territoires.

Selon un communiqué diffusé par le centre de presse des forces arméniennes, « des combats intenses » se poursuivent depuis deux jours dans les environs de Choucha contre l’armée azerbaïdjanaise qui a « subi des pertes considérables et (a) battu en retraite ».

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Les forces arméniennes ont annoncé la mort de 44 soldats supplémentaires dans leurs rangs, sans préciser s’ils avaient été tués dans ces combats.

Dimanche, Erevan avait déjà démenti la prise de cette ville stratégique par l’adversaire, assurant qu’elle résistait « aux coups de l’adversaire en dépit de lourds dégâts ».

Choucha, érigée au sommet d’une montagne, est située à seulement quinze kilomètres de la capitale des séparatistes, Stepanakert, et sur la principale route reliant la république autoproclamée à l’Arménie, son parrain politique, économique et militaire.

Lors d’une allocution télévisée dimanche, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait annoncé « avec une fierté et une joie très grandes » que Choucha avait été « libérée ».

Outre son emplacement stratégique, la localité est un symbole pour les Azerbaïdjanais, qui la considèrent comme un de leurs centres culturels majeurs. Elle était majoritairement habitée par des Azerbaïdjanais jusqu’à la fin des années 1980, même si les deux communautés coexistaient.

M. Aliev a par ailleurs annoncé lundi sur Twitter la capture de 23 nouveaux villages par son armée.

Bombardements des deux côtés

Les forces arméniennes ont fait état lundi de bombardements azerbaïdjanais sur plusieurs localités sous leur contrôle, dont Stepanakert, visée par des « missiles à longue portée ».

« Des bâtiments, des zones résidentielles, des infrastructures d’importance publique et économique ont été visés. Il n’y a aucun complexe militaire sur ces sites », a affirmé le service de presse des forces arméniennes.

L’armée azerbaïdjanaise a de son côté rapporté des tirs arméniens sur ses positions et sur plusieurs localités à l’aide d’armes de petit calibre, d’artillerie et de mortiers. Elle a également affirmé avoir forcé son adversaire à battre en retraite et avoir la situation « sous contrôle ».

L’Azerbaïdjan a en outre fait état de tirs sur ses positions à la frontière la séparant de l’Arménie, soit loin de la ligne de front du Nagorny Karabakh.

De violents combats opposent depuis fin septembre Erevan et Bakou pour le contrôle de cette enclave montagneuse qui avait déjà été l’objet d’une guerre ayant fait 30 000 morts à la dislocation de l’URSS.

Ces hostilités ont fait près de 1.300 morts mais le nombre de victimes est probablement beaucoup plus élevé, l’Azerbaïdjan ne communiquant pas ses pertes militaires.

Plusieurs tentatives de cessez-le-feu sous l’égide de Moscou, Paris et Washington – trois capitales formant le Groupe de Minsk de l’OSCE chargé de trouver une issue au conflit – ont volé en éclat sitôt entrées en vigueur.

Les combats sont observés de près par deux puissances régionales majeures, la Russie liée à une alliance militaire avec l’Arménie et la Turquie qui soutient fermement Bakou et qui a été accusée d’envoyer des mercenaires pro-turcs de Syrie se battre en Azerbaïdjan.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a eu samedi soir au téléphone une « discussion approfondie » sur le Nagorny Karabakh avec Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Le président russe avait également évoqué le sujet le même jour avec son homologue français Emmanuel Macron.

AFP