Après un premier tour décevant, La République en marche aborde le scrutin du 28 juin en ordre dispersé, au gré d’alliances souvent à droite et parfois contestées, alors que ses espoirs de conquêtes municipales semblent plus minces que jamais.
A droite toute ? D’abord l’ancien ministre Gérard Collomb qui a pactisé avec des proches de l’ex-numéro un de LR Laurent Wauquiez à Lyon, poussant LREM à ne plus soutenir sa liste. Ensuite Strasbourg, où le marcheur, issu du PS, Alain Fontanel s’est allié avec le républicain Jean-Philippe Vetter… après avoir pris langue avec la socialiste Catherine Trautmann, qui lui avait opposé une fin de non-recevoir. Idem à Bordeaux, où le LREM Thomas Cazenave a rejoint le sortant LR Nicolas Florian, ou encore à Clermont-Ferrand, avec les listes LREM d’Eric Faidy et LR de Jean-Pierre Brenas qui ont fusionné in extremis.
La direction parisienne du parti n’a pas encore décidé si elle maintenait l’investiture. Principal point commun de ces attelages ? Barrer la route à la gauche en général et aux écologistes en particulier, dans une contradiction apparente avec l’inflexion sociale-démocrate qu’a semblé dessiner Emmanuel Macron lors de ses allocutions pendant la crise, lorsqu’il s’était agi de se « réinventer ».
Le danger : « perdre sa cohérence »
Dès lors, le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a eu beau jeu d’ironiser mercredi sur ce qu’il considère être « un moment de clarification » : entre LREM et LR, « il n’y a qu’un pas et il a été franchi », a-t-il taclé. Un haut cadre du parti présidentiel est à peine moins sévère : « Il y a quand même quelque chose qui est dangereux : plus encore que perdre les élections, c’est perdre sa cohérence », pointe-t-il, en regrettant le manque de colonne vertébrale idéologique de LREM, qui a eu toutes les peines pendant la campagne à définir le « progressisme municipal ».
Au-delà de ces fusions de listes parfois jugées erratiques, ce sont les fondements-mêmes de l’architecture de la Macronie qui sont remis en cause, où les fractures entre branche gauche et branche droite de La République en marche réapparaissent avec acuité, loin du « et en même temps originel ». Et c’est, quoi qu’il en soit, à une déroute à laquelle se prépare La République en marche : si l’objectif – modeste – de faire élire 10 000 conseillers municipaux semble atteignable, le mouvement présidentiel a renoncé à la prise de quelques mairies de grandes villes.
Passer vite à autre chose
Pire : plusieurs sortants réputés installés à qui le parti avait accordé son « soutien » dès le premier tour sont désormais menacés: c’est le cas du LR Jean-Luc Moudenc à Toulouse ou du Radical Laurent Hénart à Nancy et évidemment de Gérard Collomb à la métropole de Lyon. De même, les dauphins désignés de certains maires sortants qui avaient reçu l’onction de LREM sont en grande difficulté, notamment à Besançon ou Strasbourg.
Enfin, à Paris où l’ex-ministre Agnès Buzyn est distancée par la maire socialiste sortante Anne Hidalgo et la LR Rachida Dati. A Marseille, Lille, Nantes ou Rennes, où les listes se sont maintenues sans alliance, tout espoir de victoire est devenu illusoire. Rare motif de satisfaction pour La République en marche : l’entre-deux tours a permis des réconciliations entre candidats opposés se réclamant de la majorité. Sans garantie de victoire pour autant.
« Vivement le 29 juin », souffle une ministre, impatiente d’en finir avec l’épisode. En attendant un probable remaniement qui devra acter une ligne politique clarifiée.
LQ/AFP
Les français ont pu se rendre compte pendant la crise que leur gouvernement était nul et que leur président était incapable, au point de nommer un suprême incapable comme Moscovici à la présidence de la Cour des Comptes.