Les forces irakiennes sont reparties lundi à l’assaut contre le groupe État islamique (EI) à Mossoul, où des frappes ont tué de nombreux civils, jetant une ombre sur l’offensive soutenue par la coalition internationale antijihadistes.
Le chef des forces américaines au Moyen-Orient Joseph Votel a qualifié de «terrible tragédie» la mort de civils dans des bombardements qui font l’objet d’une enquête en Irak et de la part de la coalition pilotée par les États-Unis. Après la secousse provoquée par la découverte de ces victimes civiles ces derniers jours, les forces irakiennes ont annoncé lundi relancer l’offensive contre l’EI dans la vieille ville de Mossoul, dans l’ouest de la deuxième cité d’Irak.
C’est dans cet entrelacs de rues étroites et densément peuplées où sont encore pris au piège 400 000 civils selon l’ONU que la résistance des jihadistes se concentre depuis que les forces irakiennes ont lancé la bataille pour reprendre Mossoul-Ouest le 19 février. «La police fédérale et la Force de réaction rapide (du ministère de l’Intérieur) ont commencé à avancer aujourd’hui sur l’axe sud-ouest de la vieille ville», a indiqué le commandant de la police fédérale, le général Raëd Chaker Jawdat, dans un communiqué. La rue Farouk située à proximité de la mosquée Al-Nouri, en est l’un des principaux objectifs, a-t-il ajouté.
Boucliers humains
Cette mosquée a une valeur très symbolique pour l’EI. C’est là que son chef Abou Bakr al-Baghdadi a fait en juillet 2014 sa seule apparition publique après la proclamation par le groupe ultraradical d’un «califat» sur les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine. Les forces irakiennes combattent aux abords de la vieille ville depuis des semaines, mais font face à une farouche résistance des jihadistes accusés d’utiliser les civils comme des boucliers humains.
L’EI «a commencé à utiliser des citoyens comme boucliers humains et nous essayons de les viser avec des snipers», a indiqué le porte-parole du Commandement des opérations conjointes, le général Yahya Rasool. La semaine dernière, des responsables irakiens et des témoins ont affirmé que des dizaines voire des centaines de civils avaient trouvé la mort à proximité de la vieille ville, dans le quartier de Mossoul al-Jadida, dans des frappes aériennes.
Dimanche, des membres de la défense civile et des volontaires se sont affairés à retirer des corps des gravats dans ce quartier, où au moins six maisons ont été totalement détruites, a constaté un photographe. Seule l’armée irakienne et la coalition internationale antijihadistes dont font partie entre autres la France ou la Grande-Bretagne mènent des frappes aériennes dans cette zone. Une enquête est en cours pour vérifier qui de l’armée irakienne ou de la coalition a effectué ces frappes et dans quelles conditions.
La coalition a reconnu samedi avoir procédé à un raid aérien le 17 mars dans une zone de la ville où des pertes civiles ont été rapportées, sans préciser de quel secteur il s’agissait. L’ONU a de son côté appelé les forces impliquées à Mossoul à «tout faire» pour protéger les civils. Les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre une vaste opération pour reconquérir Mossoul, grande cité du nord du pays. Elles se sont emparées de l’est de cette ville coupée par le fleuve Tigre fin janvier et ont lancé l’offensive pour reprendre l’ouest le 19 février. Depuis cette date, plus de 200 000 civils ont fui les combats à Mossoul-Ouest, selon des chiffres officiels irakiens.
Le Quotidien/AFP