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Mort du petit Émile : la piste familiale se dessine


L’affaire de la disparition du petit Émile, un garçonnet de deux ans et demi dont la mort a ému la France entière, connaît depuis mardi un rebondissement spectaculaire avec le placement en garde à vue de quatre personnes, dont ses deux grands-parents maternels.

« Philippe Vedovini et son épouse, grands-parents d’Emile Soleil, ainsi que deux de leurs enfants majeurs, ont été placés en garde à vue des chefs d’homicide volontaire et recel de cadavre par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille », dans le sud-est de la France, avait annoncé tôt mardi le procureur, Jean-Luc Blachon.

Initialement d’une durée de 24 heures, la garde à vue de Philippe Vedovini a été prolongée, a ensuite indiqué à la presse son avocate Isabelle Colombani, dans la nuit de mardi à mercredi, au sortir d’une troisième audition de son client.

Philippe Vedovini, 59 ans, « répond aux questions et est là pour qu’on s’approche de la vérité, en espérant qu’on y arrive », a déclaré Me Colombani. « J’espère que ces gardes à vue permettront d’aboutir à quelque chose », a ajouté l’avocate, en précisant que les auditions reprendraient « mercredi matin ».

Les auditions « se passent bien » et sans « confrontation », a-t-elle insisté, soulignant que « la garde à vue, c’est pas une décision de culpabilité, c’est pas une décision de mise en examen ».

Son épouse, Anne, « continuera à se soumettre » aux questions des enquêteurs, avait déclaré peu avant l’avocat de la grand-mère, Julien Pinelli, laissant entendre que la garde à vue de sa cliente avait aussi été prolongée.

Une éventuelle prolongation des gardes à vue d’un oncle et d’une tante d’Emile, également interpellés et interrogés dans un autre lieu, n’était pas immédiatement connue.

Selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont également procédé mardi à « une dizaine d’auditions de témoins ».

Sang sur une jardinière

Une perquisition a eu lieu mardi matin au domicile des grands-parents d’Emile, un cossu mas provençal situé à La Bouilladisse, une commune de 6 000 habitants dans le sud-est de la France, entre Aix-en-Provence et Aubagne, a constaté un journaliste.

Emile avait disparu le 8 juillet 2023, alors qu’il venait d’arriver pour les vacances d’été chez ses grands-parents maternels, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, dans les Alpes françaises.

Les parents du garçonnet n’étaient pas sur place au moment de la disparition, mais, outre les grands-parents maternels, plusieurs autres membres de la famille étaient présents.

Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de « ratissages judiciaires », aucune trace de l’enfant n’avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée, perchée à 1.200 mètres d’altitude.

Pendant neuf mois, l’enquête n’avait rien donné de concret, jusqu’à la découverte fin mars 2024 par une promeneuse du crâne et de dents de l’enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte.

Le 13 mars, la présence des enquêteurs dans le hameau avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient saisi devant l’église paroissiale une grande jardinière, dans laquelle des traces de sang ont été retrouvées, a indiqué une source proche du dossier.

« Ces placements en garde à vue s’inscrivent dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois », a déclaré mardi matin le procureur d’Aix-en-Provence.

Témoin assisté

Le grand-père d’Emile, Philippe Vedovini, est ostéopathe à La Bouilladisse, berceau de cette famille catholique très fervente. Avec sa femme, ils ont eu dix enfants, tous scolarisés à la maison, dont la mère d’Emile, Marie, qui est l’aînée.

Philippe Vedovini avait été placé il y a plusieurs années sous le statut de témoin assisté dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de violences et d’agressions sexuelles au début des années 1990 dans la communauté religieuse de la Sainte-Croix de Riaumont à Liévin (nord de la France), où il était chef scout.

Les obsèques du garçonnet avaient été célébrées le 8 février dernier, avec une messe en latin, en présence de toute la famille et de plusieurs centaines de personnes.

Quelques heures seulement après la cérémonie, les grands-parents d’Emile avaient publié un communiqué, clamant que « le temps du silence (devait) laisser place à la vérité ». « Nous avons besoin de comprendre, besoin de savoir », écrivaient-ils.