Des députés d’extrême gauche allemands ont annoncé jeudi une plainte contre Angela Merkel et plusieurs ministres pour complicité de meurtre du général iranien Qassem Soleimani, tué par un drone américain grâce au relais d’une base en Allemagne.
« Nous ne pouvons plus accepter que le gouvernement fédéral permette et soutienne la guerre des drones américains, qui est contraire au droit international, et enfreigne ainsi lui-même le droit international », dénoncent ces huit députés du parti d’extrême gauche Die Linke. Outre la chancelière, la plainte vise les ministres allemands des Affaires étrangères, Heiko Maas, de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, et de l’Intérieur, Horst Seehofer.
Le 3 janvier, Washington a tué dans une attaque de drone à Bagdad le commandant des Gardiens de la Révolution (armée idéologique) et architecte de la stratégie d’influence régionale iranienne. « Les ordres de cette attaque de drone n’ont pu être transmis que depuis une station relais sur le territoire allemand, la base aérienne américaine de Ramstein », située dans le sud-ouest du pays, dénoncent-ils dans un communiqué. Selon eux, le gouvernement s’est rendu complice de cette exécution en autorisant l’utilisation de cette base pour des attaques de drone. « Le gouvernement fédéral est tenu de prévenir les violations du droit international émanant du territoire allemand », estiment les membres du Bundestag.
Le tribunal administratif supérieur de Münster, saisi par trois plaignants yéménites, avait déjà jugé en mars 2019 que le gouvernement allemand devait s’assurer que les États-Unis respectent le droit international en menant des attaques de drones depuis cette base, située en Rhénanie-Palatinat. Les juges administratifs avaient en particulier considéré que l’Allemagne avait une obligation de protection d’une population, même à l’étranger, puisque ces attaques sont menées depuis son sol.
En 2013, le quotidien Süddeutsche Zeitung avait affirmé que depuis 2011, un centre de commandement aérien situé sur la base de Ramstein dirigeait les attaques de l’armée de l’air américaine en Afrique. Selon des documents que s’était procuré le quotidien, une installation satellitaire à Ramstein permet au pilote du drone, aux États-Unis, de maintenir le contact avec l’appareil et de le diriger jusqu’aux cibles à éliminer.
LQ/AFP