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Mort de Samuel Paty : ses collègues racontent leur « peur » et leur « traumatisme »


(Photo d'illustration : AFP).

Des collègues de Samuel Paty, l’enseignant d’histoire-géographie assassiné il y a un an pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, décrivent leur « traumatisme », leur « peur » et leur autocensure, dans des témoignages diffusés mardi par Libération et France Inter.

« Il n’y a pas un matin où on ne pense pas à lui », dit une enseignante. « Je passe le cœur serré » devant sa classe, abonde une autre dans les premiers entretiens, anonymes, accordés par les collègues du professeur poignardé le 16 octobre 2020 à proximité de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un jeune réfugié tchétchène radicalisé, tué peu de temps après par la police.

Certains de ses collègues disent aujourd’hui leur « peur » au quotidien, leur « appréhension de savoir » s’ils sont suivis, au point que l’un d’eux dit se « fermer à clé » parfois dans sa chambre.

Après l’attentat, une cellule médico-psychologique d’urgence avait reçu 207 personnes (élèves, parents et personnels) en une semaine, selon le rectorat de Versailles. Une « cellule d’écoute académique » s’était également entretenue avec plus de 120 personnels et élèves de l’établissement. Puis le dispositif d’accompagnement avait été allégé.

Mais les collègues de Samuel Paty décrivent combien il leur a été « compliqué » de refaire classe après l’attentat. Outre « la peur de flancher » s’est ajoutée la difficulté de faire face à des élèves dont certains étaient impliqués. Cinq collégiens ont été mis en examen pour avoir, contre de l’argent, permis au tueur d’identifier le professeur de 47 ans.

« Qu’un élève soit mis en examen, ça m’a achevée. C’était un élève que j’aimais beaucoup », explique ainsi une enseignante.

La méfiance s’est parfois immiscée. « Je les regardais autrement, je me demandais « est-ce que lui n’a pas été impliqué dans l’attentat ? » », reconnaît une professeure.

Leur métier s’est par ailleurs avéré plus compliqué depuis l’attentat. « On va éviter certains sujets qui peuvent être polémique », explique l’un d’eux, « on ne sait pas ce que les élèves peuvent raconter ». « Maintenant je pèse chaque mot », explique une autre.

Un recueillement à huis clos est prévu vendredi dans le collège.

LQ avec AFP