Le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, a dénoncé ce mardi le blocage de la frontière française à Vintimille comme « une entrave à la libre circulation » en arrivant à une réunion de l’UE à Luxembourg où il rencontrera en aparté son homologue français.
« Ce qui est en jeu, c’est la libre circulation des citoyens », a lancé le ministre italien. « Nous devons éviter la banqueroute de l’Europe », a-t-il averti avant de rejoindre ses homologues français, Bernard Cazeneuve, et allemand, Thomas de Maizière, pour une consultation qui doit désamorcer la menace d’une nouvelle crise grave entre la France et l’Italie.
Cette rencontre à trois a lieu en marge d’une réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE qui doivent examiner le programme de prise en charge de demandeurs d’asile proposé par la Commission européenne pour soulager la Grèce et l’Italie submergées par les arrivées de migrants. « Nous voulons que l’Europe fasse l’Europe », a ajouté M. Alfano. « Ce qui se passe est un coup de poing à la face de l’Europe ».
M. Cazeneuve a assuré lundi que la frontière franco-italienne n’était pas « bloquée » à Vintimille, où 200 migrants, en majorité des Africains anglophones, sont empêchés depuis jeudi d’entrer en France par des gendarmes français. Selon M. Cazeneuve, la France y fait seulement respecter les règles européennes prévoyant que soient « réadmis » en Italie les migrants enregistrés dans ce pays.
« Il y a la nécessité de faire respecter les règles de Schengen et de Dublin. Quelles sont ces règles ? Lorsque des migrants arrivent en France, qu’ils sont passés par l’Italie et qu’ils ont été enregistrés en Italie, le droit européen implique qu’ils soient réadmis en Italie », a-t-il expliqué.
Une dizaine d’États refusent de participer au programme européen
Le programme européen de prise en charge de 40 000 demandeurs d’asile pour soulager la Grèce et l’Italie divise les 28 et aucun accord n’est attendu. Une dizaine d’Etats refusent l’obligation de participer à ce programme et une dizaine d’autres contestent la clef de répartition proposée par la Commission européenne.
Ce programme concerne des demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Erythrée arrivés en Italie et en Grèce depuis le 15 avril. Pour Bruxelles, il s’agit de faire preuve de solidarité européenne avec ces deux pays. Bruxelles a également invité les 28 à accueillir 20 000 réfugiés syriens venus de pays extérieurs à l’UE. Ces deux programmes doivent courir sur deux ans et seront assortis d’une aide financière aux Etats.
Concrètement, la France est appelée dans les deux ans à venir à prendre en charge 6 752 demandeurs d’asile syriens et érythréens déjà arrivés en Europe, et invitée à accueillir 2 375 réfugiés syriens. L’Allemagne devra prendre en charge 11 849 demandeurs d’asile et réfugiés. La Commission espérait faire démarrer le premier volet du programme au 1er juillet en ayant recours à un mécanisme d’urgence.
AFP