« Personne ne peut faire chanter ou intimider l’Union européenne », a déclaré lundi le commissaire européen aux Migrations après que le président turc a ouvert les frontières et menacé d’un nouvel afflux de migrants.
« A chaque fois que l’UE est soumise à un test comme c’est le cas actuellement, l’unité doit prévaloir », a également estimé le commissaire, le Grec Margaritis Schinas, lors d’une visite à Berlin. La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté jugé « inacceptable » que la Turquie fasse pression sur l’Union européenne « sur le dos des réfugiés ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que « des millions » de migrants se rendraient en Europe après l’ouverture des frontières, accentuant la pression sur l’Occident dont il attend davantage d’appui pour obtenir une trêve en Syrie. Depuis que la Turquie a ouvert vendredi ses frontières avec l’Europe, plusieurs milliers de personnes se sont ruées vers la Grèce, une situation préoccupante pour l’Europe qui redoute une nouvelle crise migratoire majeure semblable à celle de 2015.
« Vous allez prendre votre part du fardeau »
Ankara, qui est de facto devenu le gardien de l’Europe après avoir conclu un pacte migratoire en 2016 avec Bruxelles, a ouvert les portes pour obtenir davantage de soutien en Syrie où la Turquie a annoncé dimanche le lancement d’une offensive contre le régime. Alors que la Turquie multiplie depuis plusieurs jours les frappes de drones dans la région d’Idleb, Erdogan a dit qu’il espérait arracher une trêve lors de discussions à Moscou jeudi avec le président russe Vladimir Poutine, soutien de Damas.
A la frontière entre la Turquie et la Grèce, des milliers de migrants continuaient d’affluer dans l’espoir de traverser, en dépit des mesures draconiennes prises par Athènes, dont les forces tirent des grenades lacrymogènes et utilisent des canons à eau. « Depuis que nous avons ouvert nos frontières, le nombre de ceux qui se sont dirigés vers l’Europe a atteint les centaines de milliers. Bientôt, ce nombre s’exprimera en millions », a prévenu Erdogan lors d’un discours à Ankara. Ces chiffres semblent toutefois largement surévalués par rapport à la réalité observée sur le terrain. Samedi soir, l’ONU avait compté 13 000 personnes à la frontière gréco-turque.
« Maintenant, vous allez prendre votre part du fardeau », a encore menacé le président turc. Face à cette situation et pour montrer leur solidarité, les dirigeants des institutions européennes vont se rendre mardi dans la zone frontalière côté grec.
LQ/AFP