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Migrants en Méditerranée : le Conseil européen « décevant »


Il est "inadmissible d'en arriver à ce qu'on s'habitue à voir des nouveau-nés mourir en mer", tance le vice-président de la Commission. (Photo AFP)

Les États européens se sont montrés « décevants » et n’ont pas pris leurs responsabilités en matière d’immigration, a dénoncé vendredi à Florence (centre de l’Italie) Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne.

« Les résultats du Conseil européen (les chefs d’État et de gouvernement des pays membres) en matière d’immigration ont été décevants, le Conseil n’a pas pris sa pleine responsabilité sur la question », a déclaré Frans Timmermans. Devant les participants au colloque « The State of The Union » organisé par l’Université européenne de Florence (EUI), il a insisté sur la nécessité de « partager le poids » de l’immigration entre tous les membres de l’UE.

« Il faut plus d’esprit de décision » sur le sujet, a-t-il martelé. « Si l’on ne crée pas une nouvelle façon de gérer l’immigration légale, une autre politique de lutte contre les bandes criminelles, tout en travaillant sur le retour dans leur pays d’origine de ces personnes », les migrants vont continuer à partir par milliers, et nombre d’entre eux vont mourir en route, a-t-il ajouté.

« Nous avons besoin des ces migrants, au vu de la démographie européenne », a rappelé Frans Timmermans, tout en répétant qu’il était « inadmissible d’en arriver à ce qu’on s’habitue à voir des nouveau-nés mourir en mer ».

Vendredi, les intervenants à cette conférence de haut niveau ont insisté sur le fait que la réponse de l’UE à la question des migrants, en particulier l’éventuelle militaire, n’était pas forcément adéquate. L’idée européenne de détruire les embarcations avant que les migrants n’y montent n’est pas adaptée « à notre monde », a souligné le professeur Martin Scheinin, expert en droits de l’Homme et droit international à l’EUI. « Cela ne marchera pas et cela ne peut avoir comme conséquence que la détérioration de notre image et de celle de tous les Européens », a-t-il estimé.

Pour lui, la « solution la plus durable et la plus adaptée serait de créer des voies d’immigration légale qui soient suffisamment nombreuses, sûres et variées ». Ces voies doivent servir aux demandeurs d’asile mais aussi aux travailleurs peu qualifiés, aux regroupements familiaux et aux personnes ayant des compétences particulières, parce que compte tenu de la démographie vieillissante de l’Europe, « l’UE a besoin de ces personnes ».

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 34 500 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, et quelque 1 770 sont morts ou disparus en mer, soit déjà plus de la moitié des près de 3 300 morts enregistrés en 2014.

AFP