La Hongrie a annoncé mercredi la fermeture de sa frontière avec la Serbie, un nouveau signe de la crise migratoire au lendemain de l’échec des Européens à décider d’une répartition solidaire des réfugiés sur leur territoire.
Le Premier ministre serbe a aussitôt réagi en se déclarant « surpris et choqué ». « La solution n’est pas de dresser des murs. La Serbie ne peut pas être responsable de la situation créée par les migrants, nous ne sommes qu’un pays de transit. La Serbie est-elle responsable de la crise en Syrie? », s’est interrogé M. Vucic qui a souligné que les clandestins, dont nombre de Syriens fuyant la guerre dans leur pays, arrivaient dans son pays en provenance de Grèce et de Bulgarie, pays membres de l’UE.
Budapest a lancé des « travaux préparatoires » pour la construction d’une clôture de quatre mètres de haut sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, précisant que ces travaux préparatoires seraient achevés d’ici mercredi 24 juin. « De tous les pays de l’Union européenne, la Hongrie est celui qui subit la plus forte pression migratoire. Une réponse commune de l’UE à ce défi prend trop de temps et la Hongrie ne peut plus attendre. Elle doit agir », a-t-il déclaré.
L’appel du pape
Réunis mardi à Luxembourg, les 28 ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un dispositif solidaire d’accueil destiné à soulager les pays les plus exposés, alors que 100 000 personnes sont clandestinement entrées dans l’UE depuis le début de l’année, selon l’agence Frontex. Le pape François a mis en cause mercredi tous ceux, gouvernements ou individus, qui « ferment les portes aux migrants », et a invité les catholiques à « demander pardon à Dieu » en leur nom.
L’appel du pape ne vise aucun pays, institution ou personne en particulier, mais intervient dans ce contexte de tensions croissantes dans l’Union européenne. Paris a ainsi mis en place un dispositif de contrôle renforcé à la frontière italienne, bloquant de fait l’entrée sur son territoire de milliers de clandestins.
Le gouvernement français s’est toutefois dit résolu mercredi à créer 10 500 nouvelles places d’hébergement pour demandeurs d’asile et réfugiés, face à l’afflux de migrants. La France a enregistré 65 000 demandes d’asile en 2014.
Opposée à une gestion européenne du dossier, la Hongrie revendique pour sa part de pouvoir traiter à sa manière les flux migratoires. Le nombre de réfugiés entrant en Hongrie, qui était de 2 000 pour toute l’année 2012, a bondi s’élevant à 54.000 depuis janvier et faisant de ce pays d’Europe centrale celui de l’UE, après la Suède, qui accueille le plus de réfugiés relativement à sa population.
A défaut de pouvoir refouler purement et simplement les migrants, comme le dirigeant populiste Viktor Orban dit le souhaiter, la Hongrie opte donc pour une clôture. « Cette décision ne contrevient à aucun traité international, d’autres pays ont opté pour la même solution », a souligné mercredi M. Szijjarto, citant la Bulgarie, la Grèce, et l’Espagne pour ses enclaves en Afrique du Nord. La Serbie, un pays ne faisant pas partie de l’UE, est considérée comme un point de transit majeur sur la route orientale des migrants vers l’Europe.
Vendredi 12 juin, M. Orban avait accusé Belgrade d’ « envoyer » les migrants en Hongrie, soulignant que ceux-ci « doivent être stoppés en territoire serbe ». La question doit être abordée entre les dirigeants des deux pays lors d’une rencontre le 1er juillet. Selon le gouvernement hongrois, 95% des migrants entrant en Hongrie le font par la frontière serbe. Quelque 75% d’entre eux arrivent de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, dont ils fuient les combats.
En janvier et en février de cette année, la Hongrie a également vu arriver des milliers de Kosovars, poussés à l’exode par la situation économique. L’ONG Comité d’Helsinki à Budapest a déploré le projet de clôture, évoquant un « nouveau Rideau de fer ». A l’extrême est de l’UE, la Bulgarie prévoit de prolonger de 82 km cette année sa clôture barbelée de 30 km érigée fin 2013 sur sa frontière avec la Turquie, longue de 274km.
AFP