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Migrants : l’UE débloque 1,8 milliard d’aide à l’Afrique


Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. (Photo AFP)

Les Européens ont lancé jeudi à Malte un fonds d’aide à l’Afrique de 1,8 milliard d’euros pour tenter de convaincre les pays africains de les aider à endiguer l’afflux de migrants, qui met à mal la cohésion de l’UE.

Le sommet de la Valette, ouvert mercredi, doit également aboutir à un plan d’action commun. Il devait être suivi d’un sommet entre seuls dirigeants européens, qui feront le point sur les tractations en cours avec la Turquie, à qui l’UE demande de freiner le flux de réfugiés syriens.

Dans ses discussions avec les pays africains, l’UE a déjà mis sur la table 1,8 milliard d’euros, pour financer des projets luttant « contre les causes profondes des migrations ». Mais elle exhorte les États membres à apporter en plus leur propres contributions pour doubler la mise. Or, on est encore loin du compte. Les promesses des pays européens n’ont atteint qu’un total de quelque 78 millions d’euros, selon un décompte de la Commission. C’est « loin d’être suffisant », a réitéré jeudi le président nigérien Issoufou Mahamadou.

En dépit de l’hiver qui approche, le flux de migrants vers l’Europe ne faiblit pas et a conduit mercredi la Slovénie à installer des barbelés le long de sa frontière avec la Croatie. Quelques heures plus tard, la Suède annonçait qu’elle rétablissait des contrôles à ses frontières, dans l’espoir là aussi de freiner les arrivées. « Il ne s’agit pas d’une barrière (…) mais nous devons être sûrs que nous avons des contrôles » aux frontières, a expliqué jeudi à Malte le Premier ministre suédois, Stefan Lovfen.

Dans leur déclaration commune, qui doit être signée dans la journée, Européens et Africains s’engagent à « gérer ensemble les flux migratoires dans tous leurs aspects ».

« Pression européenne » sur l’Afrique

La cinquantaine de dirigeants européens et africains présents à La Valette doivent également souscrire à un plan d’action comportant une série de mesures visant à freiner les flux de migrants. Certains dirigeants africains se sont néanmoins agacés de la pression européenne sur l’Afrique. Les migrants africains vers l’Europe « ne sont pas aussi nombreux qu’on le dit. Pourquoi toute cette énergie sur les migrants africains », a demandé jeudi le président sénégalais Macky Sall.

Son homologue ivoirien, Alassane Ouattara s’est également montré agacé, soulignant que son pays, avec 25% de ressortissants étrangers était un « modèle d’intégration ». Les Européens, avec leur fonds d’urgence, espèrent convaincre leurs partenaires en Afrique de les aider à renvoyer chez eux les migrants en situation irrégulière. « On ne peut pas insister à réadmettre les Africains chez eux pendant qu’on parle d’accueillir les Syriens et d’autres. C’est un traitement différencié que nous condamnons, parce que c’est discriminatoire », s’est insurgé le président sénégalais.

« Le retour dans le pays d’origine ne saurait être la seule réponse de l’Europe aux migrants Africains. En effet, certains ont besoin, à l’instar des migrants venus d’autres régions, de protection », a rappelé de son côté le président ivoirien. Pour les Africains, la priorité est plutôt le renforcement de l’immigration légale vers l’Europe, dont ils ont souvent besoin économiquement, compte tenu de l’importance des sommes expédiées par les Africains vivant en Europe à leurs familles.

Les Européens ont timidement répondu en acceptant le doublement du nombre de visas en faveur des étudiants et chercheurs africains. Le plan d’action proposera de favoriser la venue en Europe d’officiers d’immigration africains, chargés d’aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière. L’objectif est de mettre en place des expérimentations dès l’an prochain avec au moins dix pays africains volontaires. « Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n’est pas possible, les départs forcés sont un pré-requis pour une politique migratoire efficace », a indiqué sur ce point le président du Conseil européen Donald Tusk.

AFP