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Migrants : guerre des mots entre la France et l’Italie


Des dizaines de migrants campent sur des rochers à Vintimille. (Photo AFP)

L’Italie hausse le ton face à la France qui nie catégoriquement avoir bloqué sa frontière à Vintimille, où des dizaines de migrants s’entassent dans l’espoir de gagner le nord de l’Europe, dernier épisode d’une crise européenne sans solution apparente.

Les dizaines de migrants qui campent sur des rochers à Vintimille sont « un coup de poing dans la figure » de l’Europe, a ainsi déclaré le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano. Ils ne « veulent pas rester en Italie mais veulent aller en Europe », a expliqué le ministre, comme pour enfoncer le clou de la nécessité d’une réponse de l’Union européenne à cette crise, la veille d’une réunion avec ses homologues européens au Luxembourg.

Afin d’apaiser les tensions, le Commissaire européen aux migrations, le Grec Dimitris Avramopoulos, a prévu de rencontrer mardi, en amont de ce conseil, les ministres français, allemand et italien de l’Intérieur. « Si l’Europe choisit la solidarité, c’est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un plan B tout prêt. Mais qui frapperait surtout l’Europe en premier », avait prévenu dimanche le Premier ministre italien Matteo Renzi, sans donner plus de précision.

Il pourrait s’agir de mettre en place « des permis provisoires aux demandeurs d’asile afin de leur permettre de traverser la frontière et de circuler », ou « une opération de police contre les passeurs en Libye à laquelle participerait l’Egypte », croit savoir le Corriere della Sera, le quotidien le plus lu en Italie, dans son édition de lundi. Samedi soir, après avoir campé deux jours à la frontière franco-italienne, des migrants venus majoritairement d’Afrique avaient été repoussés par la police italienne vers Vintimille, à 5 km du poste-frontière.

Certains ont depuis dormi à même le sol de la gare de cette petite ville de Ligurie (nord-ouest), d’autres sur des rochers. Refoulés aux frontières, ces migrants, dont des femmes et des enfants, demandent à passer en France pour « aller dans d’autres pays », comme l’un d’eux, Brahim, 20 ans, originaire du Darfour, l’a expliqué.

« Frontière pas bloquée »

En réponse à ce haussement de ton du gouvernement italien, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a assuré lundi que la frontière franco-italienne n’était pas « bloquée » à Vintimille, mais que la France faisait respecter les règles européennes prévoyant que soient « réadmis » en Italie les migrants enregistrés dans ce pays.

« Que se passe-t-il à Vintimille ? Il y a la nécessité de faire respecter les règles de Schengen et de Dublin. Quelles sont ces règles ? Lorsque des migrants arrivent en France, qu’ils sont passés par l’Italie et qu’ils ont été enregistrés en Italie, le droit européen implique qu’ils soient réadmis en Italie », a expliqué Bernard Cazeneuve. « Il n’y a pas de blocage de la frontière, parce que nous sommes dans un espace ouvert, il y a simplement le respect à la frontière franco-italienne des règles de Schengen et de Dublin », a-t-il souligné.

Même son de cloche en Autriche, où le gouvernement a expliqué lundi n’avoir jamais fermé ses frontières mais avoir juste « installé des points de contrôle exceptionnels à certains endroits ». En Allemagne, pays d’arrivée de nombre de migrants, les contrôles frontaliers sont toujours effectifs « jusqu’à ce soir (lundi, NDLR) minuit », a précisé un porte-parole de la police fédérale allemande, à Munich. Ils avaient été rétablis à l’occasion du sommet du G7 qui a eu lieu les 7 et 8 juin en Allemagne.

Pour Matteo Renzi, cette crise des migrants « ne doit pas être sous estimée. C’est un problème sérieux et, que ce soit bien clair, les réponses de l’Europe n’ont pas jusqu’à maintenant été suffisamment bonnes ». Le président du conseil italien abordera le problème avec ses homologues britannique et français cette semaine à Milan. Il a également indiqué qu’il s’entretiendrait avec le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et la Chancelière allemande Angela Merkel.

L’Italie se débat pour accueillir des vagues successives de migrants alors que plus de 100 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe depuis le début de l’année via la Méditerranée.

AFP