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Migrants : des cas de « torture » par des policiers italiens


Sur les 24 témoignages de mauvais traitements recueillis par Amnesty sur un total de 170 entretiens, quinze font état de coups donnés, y compris avec des matraques électriques. (Photo : AFP)

Des policiers italiens ont eu recours à des pratiques «assimilables à de la torture» pour obtenir les empreintes digitales de migrants, affirme jeudi Amnesty International, qui rend l’Union Européenne en partie responsable de cette situation.

«Les pressions de l’Union européenne sur l’Italie, pour qu’elle se montre +dure+ envers les migrants et les réfugiés, ont conduit à des expulsions illégales et à de mauvais traitements qui, dans certains cas, sont assimilables à de la torture», écrit l’organisation de défense des droits de l’homme dans un rapport.

La politique des «hotspots», centres d’enregistrement décidés par l’UE pour faciliter l’identification des migrants à leur arrivée sur le sol européen, a poussé l’Italie à agir au-delà de la légalité et conduit à des «abus choquants» de la part de certains policiers, explique Matteo de Bellis, coordinateur de ce rapport. Nombre de migrants refusent d’être identifiés à leur arrivée sur le sol italien afin de pouvoir s’installer ou déposer une demande d’asile dans le pays européen de leur choix.

Sur les 24 témoignages de mauvais traitements recueillis par Amnesty sur un total de 170 entretiens, quinze font état de coups donnés, y compris avec des matraques électriques, comme l’a raconté un Soudanais de 16 ans. «Ils ont utilisé une matraque électrique plusieurs fois sur ma jambe gauche, puis sur la droite, ma poitrine, mon ventre. J’étais trop faible pour résister, à ce moment-là, ils ont pris mes deux mains» pour obtenir des empreintes digitales, a-t-il affirmé aux enquêteurs d’Amnesty.

Enquête indépendante

Deux autres témoignages font état de violences sur les parties génitales. Un jeune homme de 27 ans affirme ainsi avoir été contraint de s’asseoir sur une sorte de chaise percée en aluminium avant que la police n’utilise des pinces sur ses testicules, selon ce rapport. Au regard de ces témoignages, Amnesty juge indispensable qu’une enquête indépendante soit diligentée, même si «le comportement de la plupart des policiers reste professionnel et que la grande majorité des prises d’empreintes digitales a lieu sans incident».

Les victimes de ces violences policières n’ont pas voulu porter plainte, a précisé M. de Bellis, mais Amnesty International a porté ces faits à la connaissance du ministère italien de l’Intérieur dans une lettre qui n’a pas encore obtenu de réponse, a-t-il ajouté. Ce chercheur italien reconnaît qu’Amnesty n’a pas été en mesure de vérifier «chaque détail de chaque cas individuel», mais «nous sommes certainement en position de dire qu’il y a un problème de recours excessif à la force par la police», a-t-il assuré.

Amnesty dénonce également les conditions dans lesquelles sont interrogés les migrants, encore sous le choc d’un voyage traumatisant en Méditerranée où ils sont pour la plupart récupérés par des secouristes après des heures voire des jours entiers entassés sur des embarcations précaires. Sans réelle information sur leurs droits, beaucoup de migrants ne savent pas répondre aux questions qui leur sont posées, et certains risquent alors l’expulsion.

L’Italie, qui voit chaque jour le nombre de migrants croître dans la péninsule, s’efforce d’en rapatrier certains faute de pouvoir les «relocaliser» ailleurs en Europe comme l’UE s’y était pourtant engagée. Elle a ainsi signé un accord en ce sens avec le Soudan, pays accusé par Amnesty International de violations des droits de l’homme.

Amnesty cite le cas de 40 ressortissants soudanais mis dans un avion à destination de Khartoum. Sur place, une jeune homme de 23 ans contacté par l’organisation internationale a assuré avoir été sévèrement battu à son arrivée à l’aéroport par les forces de sécurité. «Les autorités italiennes doivent mettre un terme aux violations (des droits de l’homme) et s’assurer que les personnes ne soient pas rapatriées dans des pays où elles prendraient le risque d’être persécutées ou torturées», écrit M. de Bellis.

Le Quotidien/afp