Michel Barnier, négociateur en chef pour le Brexit, est venu à Luxembourg discuter du défi que représente cette sortie de l’Union. Il veut transparence et dialogue.
Il a fait la tournée des popotes lors d’une visite de travail mardi à Luxembourg. Michel Barnier a rassuré ses interlocuteurs en leur expliquant ses intentions qui consistent à trouver un accord «avec» les Britanniques et pas «contre» eux. Il veut de la fermeté, de l’amitié, mais pas de naïveté.
Son titre complet c’est «négociateur en chef responsable du groupe de travail de la Commission européenne chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni au titre de l’article 50 du traité sur l’Union européenne». Et ce n’est pas un cadeau. Michel Barnier, à la tête d’un groupe d’experts qui planchent sur une situation tout à fait inédite, a pris acte de la demande officielle de divorce de Theresa May et a entamé dans la foulée une tournée des capitales européennes.
Ce qu’il faut en premier lieu pour réussir le Brexit, c’est l’unité des 27 pays membres et ce n’est pas le Luxembourg qui posera des problèmes à l’ancien ministre des Affaires étrangères français, dans le gouvernement Raffarin III, et candidat malheureux du groupe PPE face à Jean-Claude Juncker pour la présidence de la Commission européenne.
C’est à lui que le Luxembourgeois a confié la tâche de mener à bien les négociations qui démarrent et qui devraient déboucher sur une proposition d’accord dans 18 mois. Les Parlements nationaux auront ainsi six mois pour ratifier le texte, les traités prévoyant une période de deux ans pour conclure les négociations.
« Il nous a dit qu’il avait beaucoup de respect pour les Parlements nationaux et il a insisté sur la transparence des négociations », nous déclare Marc Angel, député socialiste et président de la commission des Affaires étrangères et européenne.
Le député se dit ravi par cette rencontre et par l’esprit dans lequel Michel Barnier entend diriger les opérations. « S’il insiste sur la transparence, c’est parce qu’elle a une valeur pédagogique, elle permettra de rappeler les valeurs de l’Europe et ses nombreux acquis », explique Marc Angel à l’issue d’une réunion de travail à la Chambre des députés.
Mais pas question de faire payer outre mesure aux Britanniques leur choix de quitter l’Union. « Je me réjouis que Michel Barnier aborde le problème dans un esprit positif. Il n’est pas question de punir les Britanniques, il n’y a pas d’esprit revanchard, mais tout simplement le désir de réussir cette sortie », poursuit le député.
Frontières, citoyenneté
Les questions soulevées avec les députés sont celles qui donneront le plus de fil à retordre pendant cette négociation : les contributions financières de la Grande-Bretagne (sans avoir précisé un montant exact), la question des frontières surtout entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord (province britannique) et le sort des citoyens britanniques vivant dans l’Union (4,5 millions) et inversement celui des Européens en Grande-Bretagne.
Concernant la récente polémique entre Madrid et Londres relative au sort réservé à Gibraltar, Michel Barnier a déclaré que « juridiquement, Gibraltar sort de l’Union en même temps que le Royaume-Uni ».
Un scénario d’un non-accord n’est pas envisageable pour Michel Barnier. « Il ne veut pas travailler contre les Britanniques, mais avec eux », conclut Marc Angel. « Nous serons fermes, amicaux, mais jamais naïfs », a déclaré pour sa part Michel Barnier face aux députés.
Geneviève Montaigu
D’abord le retrait, puis le libre-échange
En ce qui concerne les procédures et les étapes, Michel Barnier a fermement insisté sur l’importance de faire les choses dans l’ordre. Les négociations sur les principes du retrait débuteront fin mai 2017, a annoncé Michel Barnier aux députés.
Les discussions sur les futures relations pourront avoir lieu seulement après avoir trouvé un accord sur les principes de retrait, a également ajouté le négociateur européen du Brexit. Ainsi, les discussions sur un accord de libre-échange et des éventuels accords de coopération en matière de sécurité et de défense, de recherche ou de lutte contre le changement climatique ne seront envisageables qu’à partir de l’automne 2017, a expliqué le négociateur en chef.
Ces accords, qui devront également être ratifiés par les 27 parlements nationaux, ne devront absolument pas remettre en cause les standards environnementaux, sociaux et fiscaux de l’Union européenne.