Le processus d’extradition vers les États-Unis du narcotrafiquant mexicain Joaquin «El Chapo» Guzman prendra au moins un an, voire plus si ses avocats utilisent tous les recours légaux, ont averti les autorités lundi, faisant craindre une nouvelle évasion.
Le Mexique a ouvert la voie ce week-end à l’extradition vers les États-Unis d’«El Chapo», arrêté vendredi. Le président mexicain Enrique Pena Nieto avait jusqu’alors refusé son transfert, promettant de le juger et de l’incarcérer au Mexique.
Mais sa rocambolesque évasion en juillet, par un tunnel creusé sous la prison de haute sécurité d’Altiplano, près de Mexico, a porté un coup très dur à la crédibilité du gouvernement et changé la donne.
Dimanche, des représentants d’Interpol se sont rendus à la prison d’Altiplano, où le baron de la drogue est de nouveau incarcéré, pour délivrer «deux mandats d’arrêt aux fins d’extradition», lançant formellement la procédure qui pourrait être longue.
«Le délai moyen est d’un an, mais cela pourrait aller jusqu’à cinq ans», a indiqué la procureure générale mexicaine Arely Gomez sur la radio Radio Formula. L’avocat d’«El Chapo» s’est engagé à mener un combat juridique «dur», pouvant aller jusqu’à la Cour suprême, au motif que le chef du cartel de Sinaloa risque la peine de mort aux Etats-Unis.
Les mesures de sécurité ont été renforcées à la prison d’Altiplano afin d’éviter une nouvelle évasion d’«El Chapo», potientellement désastreuse pour le gouvernement d’Enrique Pena Nieto.
La diplomatie américaine a mis en garde lundi le Mexique et exprimé ses «inquiétudes» face à un tel risque. «Le monde observe comment cette affaire est menée», a souligné le porte-parole du département d’Etat américain John Kirby.
Le narcotrafiquant s’était déjà évadé d’une prison de haute sécurité mexicaine en 2001, caché dans un panier de linge sale.
Sean Penn surveillé ?
En parallèle, les autorités mexicaines cherchaient lundi à interroger l’acteur américain Sean Penn et l’actrice mexicaine Kate del Castillo sur leur rencontre secrète en octobre avec le fugitif, notamment pour une interview publiée samedi par le magazine américain Rolling Stone.
Selon des photos diffusées lundi par le quotidien mexicain «El Universal», les deux acteurs étaient surveillés par les autorités mexicaines avant leur rencontre avec «El Chapo».
Une photo les montre arrivant à l’aéroport de Guadalajara le 2 octobre. Sur une autre image, on les voit saluer un homme avant de monter dans une voiture qui les a conduits jusqu’à une piste de décollage dans l’Etat voisin de Nayarit, indique le quotidien.
Un des avions dans lequel ils ont embarqué et qui les a conduits jusqu’à «El Chapo» apparaît sur un cliché. Les images sont extraites d’un rapport des services mexicains de renseignements, indique El Universal. Dans son article publié dans Rolling Stone, Sean Penn affirme qu’il avait reçu des «indices crédibles» lui donnant à penser que l’agence américaine anti-drogue (DEA) «était au courant de leur voyage au Mexique».
La procureure mexicaine a confirmé que la rencontre avait été un «élément essentiel» ayant permis la capture de Guzman. Le 6 octobre, soit quatre jours après l’entretien, Guzman a évité de jutesse son arrestation après un raid de l’armée dans l’Etat de Durango, mais les militaires n’ont pas tiré car Guzman fuyait avec deux femmes et une petite fille.
Joaquin «El Chapo» Guzman a finalement été arrêté vendredi à Los Mochis, dans l’Etat de Sinaloa (nord-ouest). Une vidéo diffusée lundi montre l’opération menée par la Marine mexicaine, prenant d’assaut, pièce par pièce, la maison où Guzman s’était réfugié.
«El Chapo» est parvenu à s’enfuir à travers un tunnel dissimulé derrière un miroir, près d’une chambre, et conduisant à un large conduit de drainage des eaux de pluies de la ville. Le baron de la drogue et son chef de la sécurité sont ressortis à l’air libre par une bouche d’égout, avant de voler un véhicule dans lequel ils ont finalement été interpellés par les militaires.
AFP/M.R.