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Menacée par la montée des eaux, New York se protège derrière un mur


des travaux pour un budget de 1,45 milliard de dollars ont ainsi débuté pour ériger un mur et des digues (Photo : AFP)

New York, géant urbain entouré par les eaux et menacé par le dérèglement climatique, se protège derrière un gigantesque mur anti-inondations, espérant éviter les catastrophes des dix dernières années.

L’ouragan Sandy en 2012 et les tempêtes Ida et Henri cet été ont provoqué la mort de dizaines d’habitants et des milliards de dollars de dégâts dans la plus grande ville des Etats-Unis. Avec sa géographie si particulière, la « grosse pomme » est extrêmement vulnérable aux intempéries et a fini par adopter ces dernières années un plan titanesque baptisé « résilience climatique » chiffré à 20 milliards de dollars.

Il faut dire que des experts redoutent une montée des eaux de 20 à 75 cm à l’horizon 2050 qui menacerait New York de submersion, en particulier l’île de Manhattan, encadrée par l’océan Atlantique, l’East River et l’Hudson River. Au total, la mégapole de plus de 8,5 millions d’habitants compte 836 km de littoral.

Chantier de 1,45 milliard de dollars

Dans le sud-est de Manhattan, des travaux pour un budget de 1,45 milliard de dollars ont ainsi débuté pour ériger un mur et des digues contre les inondations. Sur le chantier, coincé entre l’East River et la voie rapide qui la longe, Tom Foley, directeur du département de la conception et de la construction de la ville de New York, explique à l’AFP avoir également projeté de « surélever le parc dans cette zone » au bord de l’eau, où vivent quelque 110.000 New-Yorkais.

Sur quatre kilomètres, l’espace vert va être complètement surélevé de trois mètres et l’érection d’un mur anti-inondations doit permettre d’éviter les dégâts catastrophiques provoqués par les derniers ouragans et tempêtes qui se forment au-dessus de l’Atlantique. Ahmed Ibrahim, superviseur des travaux, montre sur place l’installation de « pylônes qui servent de fondations profondes » et des « parois de métal qui formeront un mur de séparation souterrain pour nous protéger des inondations ».

L’électrochoc Sandy

La prise de conscience des autorités new-yorkaises date d’octobre 2012 après l’électrochoc de l’ouragan Sandy qui avait provoqué la mort d’au moins 44 personnes, des dégâts de 19 milliards de dollars et l’absence d’électricité pendant des semaines, rappelle Sara Nielsen, directrice de la planification des parcs de New York. Dans ce quartier hyper dense du sud-est de Manhattan, l’eau était montée à un niveau record de 2,7 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Pour Sara Nielsen, après l’ouragan Katrina qui avait frappé la Nouvelle-Orléans en 2005, « Sandy a été la première catastrophe qui a accéléré notre approche du changement climatique ». L’experte se félicite qu’aujourd’hui la ville, aux infrastructures parfois délabrées, se dote de « projets très importants pour protéger les New-Yorkais ».

La ville « investit plus de 20 milliards de dollars (dans un plan pluriannuel de) +résilience climatique+ avec une stratégie à plusieurs niveaux pour la protection de notre littoral », explique à l’AFP Jainey Bavishi, directrice du bureau du maire de New York pour la « résilience climatique ».

Poumon vert

Pas vraiment une ville arborée – à l’exception du poumon vert géant de Central Park – Manhattan va également replanter des milliers d’arbres de différentes espèces autour du chantier et améliorer les réseaux souterrains d’égouts, d’évacuation des eaux usées et d’électricité. Les urbanistes cherchent aussi à améliorer l’habitat, l’un des talons d’Achille de New York, notamment en raison du nombre de logements en sous-sol exposés aux inondations et de la piètre qualité des constructions et des isolations thermique et phonique des logements.

« Il y a un million de bâtiments à New York. Nous les modernisons partout où c’est possible », assure Jainey Bavishi, vantant « l’un des codes de construction les plus résilients au monde ». Reste que le projet de mur anti-inondations ne plaît pas à tout le monde. Des associations de riverains le contestent devant la justice et le chantier ne devrait pas être achevé avant 2026.

Terry, résident du quartier qui refuse de donner son patronyme, reconnaît que c’est « une bonne idée » mais regrette que « les choses avancent lentement ». Pour Jainey Bavishi, New York et son programme de « résilience climatique » peut s’inscrire dans le volet environnemental du plan de 1.200 milliards du président Joe Biden, voté au Congrès, pour investir massivement dans les infrastructures aux Etats-Unis.

LQ/AFP