Deux moments forts marqueront la seconde journée de la visite de François Hollande à Buenos Aires jeudi : un hommage aux victimes de la dictature militaire et une séquence de «diplomatie sportive» au stade mythique de la Bombonera.
Le chef de l’État français est attendu de bon matin au Parc de la mémoire, sur les rives du Rio de la Plata. Les noms et les âges de 10 000 victimes de la dictature (1976-1983) dont l’Argentine commémore cette année le 40e anniversaire et de la répression qui l’a précédée y sont gravés sur d’interminables murs de granit noir.
Parmi eux, figurent ceux de deux religieuses françaises, les sœurs Alice Domon et Léonie Duquet. Victimes des «vols de la mort», elles ont été jetées vivantes d’un avion dans l’océan en 1977, comme de nombreuses autres victimes du régime. François Hollande jettera symboliquement un bouquet de fleur dans le fleuve pour commémorer leur souvenir.
Vingt autres Français ont été assassinés pendant ces années noires. Au Parc de la mémoire, François Hollande s’entretiendra aussi avec Estela de Carlotto, présidente des Grands-mères de la place de Mai, une ONG créée dès 1977 pour rechercher les enfants «volés» à leurs parents par la dictature.
Sa propre fille Laura avait disparu en novembre 1977, enceinte de trois mois d’un enfant, Guido, qui ne sera retrouvé que le 5 août 2014. Le président français s’exprimera ensuite devant un forum scientifique et universitaire, la France étant le premier partenaire de l’Argentine en la matière avec une centaine de projets de recherche communs.
Puis il se rendra en compagnie du footballer franco-argentin David Trezeguet au stade de la Bombonera (la Bonbonnière), ainsi surnommé en raison de sa forme ronde, où évoluait l’enfant prodige et terrible du football argentin Diego Maradona.
45 000 kilomètres
L’arène abrite le Boca Juniors présidé pendant 12 ans par le nouveau président argentin Mauricio Macri qu’il retrouvera sur place, l’occasion d’échanges moins protocolaires alors que la France s’apprête à accueillir l’Euro 2016 et que Paris est candidate à l’organisation des jeux Olympiques de 2024.
Après une rencontre avec des personnalités du monde culturel, un déjeuner avec des responsables économiques et un rendez-vous avec la communauté française, François Hollande s’envolera pour Montevideo. Ce sera vendredi la dernière étape d’un périple de plus de 45 000 km entamé dimanche et qui l’a mené auparavant à Wallis-et-Futuna, en Polynésie française et au Pérou.
Au premier jour de sa visite en Argentine mercredi, le président français a apporté un soutien appuyé aux réformes économiques libérales engagées Mauricio Macri pour permettre à son pays de revenir sur les marchés financiers internationaux.
Après s’être rendu pendant son mandat au Brésil, au Mexique et à Cuba, il entendait par cette mini-tournée en Amérique latine «réinvesti la politique étrangère française» dans les sous-continent, selon les mots de l’Elysé. Depuis 1964 et la visite du Général de Gaulle, seuls deux chefs de l’Etat français se sont rendus en Argentine : François Mitterrand (1987) et Jacques Chirac (1997).
Environ 250 entreprises françaises (Total, Danone, Renault, PSA, etc.) opèrent en Argentine, troisième économie d’Amérique latine où la France affiche un bel excédent commercial, d’un milliard d’euros. Dans un mois, c’est Barack Obama qui sera à son tour à Buenos Aires, une manière pour Washington de marquer le terrain dans une Amérique du Sud qui lui a tourné le dos une décennie durant après avoir été longtemps son pré carré.
Mais le calendrier fait polémique : le président américain sera à Buenos Aires au moment du 40e anniversaire du coup d’Etat militaire de 1976, soutenu par les États-Unis.
AFP/M.R.