Le coprésident serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a qualifié vendredi le massacre de Srebrenica de « mythe » bâti par les Bosniaques musulmans et la communauté internationale.
« Tout peuple a besoin d’un mythe, or les Bosniaques n’avaient pas de mythes. Ils essaient de bâtir le mythe de Srebrenica. C’est un faux mythe, ce mythe n’existe pas », a déclaré Milorad Dodik à la chaîne de télévision RTRS.
En quelques jours de juillet 1995, plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques avaient été massacrés par les forces serbes de Bosnie de Ratko Mladic, dans l’enclave musulmane de Srebrenica qu’elles venaient de prendre. Considérée comme un acte de génocide par la justice internationale, cette tuerie est la pire commise sur le sol européen depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Si la plupart des hauts responsables serbes, de Serbie comme de Bosnie, ne nient aujourd’hui pas qu’un massacre a été commis à Srebrenica, ils remettent souvent en cause le nombre des victimes et réfutent systématiquement qu’il se fût agi d’un acte de génocide.
Élu à l’automne 2018 représentant de sa communauté au sein de la présidence tripartite bosnienne aux côtés d’un Bosniaque et d’un Croate, Milorad Dodik s’exprimait en marge d’une conférence intitulée « Srebrenica, réalité et manipulations », organisée dans la capitale des Serbes de Bosnie, Banja Luka.
Division profonde
Il a estimé que la question de Srebrenica n’était devenue un sujet que sous l’impulsion du Britannique Paddy Ashdown, qui fut de 2002 à 2006 le Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie. Le titulaire de ce poste créé à la fin de la guerre intercommunautaire (1992-95, quelque 100 000 morts), est censé être le garant de la paix. Milorad Dodik a toutefois ajouté que ce qui avait été commis à Srebrenica était une « souffrance terriblement difficile qui a montré tout le calvaire et la cruauté de la guerre ».
Le gouvernement de l’entité des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska, a mis en place en février une commission internationale chargée de réaliser une enquête sur des crimes commis dans la région de Srebrenica tout au long de la guerre, à savoir aussi sur des crimes commis par des Bosniaques contre des Serbes avant juillet 1995.
Pour les Bosniaques, cette initiative traduit le révisionnisme persistant des Serbes. Près d’un quart de siècle après la fin du conflit, la Bosnie reste profondément divisée entre les communautés la constituant, que ce soit institutionnellement ou dans les mentalités.
LQ/AFP