Une trentaine de personnes se sont allongées lundi, le visage contre le sable de la plage de Rabat au Maroc, pour rendre hommage à Aylan Kurdi, cet enfant syrien dont la photo du corps sans vie est devenue le symbole du drame des migrants en Méditerranée.
Vêtues d’un tee-shirt rouge comme le garçonnet, et pour certaines d’un bermuda bleu, elles ont imité la position dans laquelle le corps de l’enfant a été retrouvé par la police turque, échoué sur une plage, et sont restées figées ainsi pendant environ vingt minutes, a constaté un journaliste.
« J’ai mal pour cette humanité et je me dis qu’en tant qu’artiste mon devoir est de réagir et de venir ici avec mes collègues pour dire qu’un petit geste peut valoir beaucoup », a expliqué l’actrice marocaine Latifa Ahrar, une des organisatrices de ce rassemblement.
« Nous sommes là pour dire que la Méditerranée doit rester un espace de partage et d’échanges et non pas une barrière (qui se dresse) devant ceux qui sont victimes des dictatures, des guerres civiles et du terrorisme », a indiqué Rachid el-Belghiti, un journaliste participant à l’opération.
Une centaine de badauds ont applaudi quand les protagonistes se sont relevés. Le corps du petit Aylan, 3 ans, a été découvert mercredi, gisant sur une plage turque, le visage contre le sable. La photo de cette scène a créé une onde de choc mondiale.
Son frère Ghaleb, 5 ans, et leur mère sont également morts noyés en tentant de rallier l’île grecque de Kos, une des portes d’entrée vers l’Union européenne pour ceux qui fuient la guerre en Syrie. Depuis le début de l’année, 366.402 personnes sont arrivées en Europe par la Méditerranée, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), et 2 800 sont mortes ou portées disparues.
AFP/M.R.
« LE DERME DES CISTUDES :
A Aylan
ô Ali, ô Hassan, ô Houssaïne, ô Aylan de Kurdie,
Flottant sur les vagues, l’ange s’est échu en Turquie.
La mer a refusé d’ingérer l’enfant des bateaux perdus.
Ses requins, repus, l’ont poussé sur le rivage.
Il dort, couché sur le sable, les cheveux mouillés.
Tel le Palestinien que Sion avait canardé,
Cette centaine de touristes, en Tunisie tués,
Ces milliers de milliers, vers l’exode poussés,
Qui enfouis, sous les décombres de leurs écoles
Qui en prière, en leurs mosquées de quartier.
O science obscure, qui rend les puissants impunis,
Et soustrait les tyrans barbares et les terroristes,
Des sentiments logiques et de toute humanité,
Reviendront-ils vers leurs terres embourbées ?
Dr Idrissi My Ahmed