Mario Centeno, le président de l’Eurogroupe, a conservé de justesse son poste de ministre des Finances du Portugal jeudi, le Premier ministre Antonio Costa lui ayant réaffirmé sa confiance bien qu’il l’ait mis en difficulté devant le Parlement.
Costa avait dû s’excuser publiquement après avoir assuré au Parlement qu’un prêt de 850 millions d’euros destiné à renflouer Novo Banco ne serait versé qu’après la conclusion d’un audit sur cette banque en difficulté, alors qu’en réalité Centeno avait déjà donné son feu vert à l’opération. A l’issue d’une réunion en tête-à-tête de plusieurs heures mercredi à la résidence officielle du Premier ministre, Costa a publié peu avant minuit un communiqué où il « réaffirme publiquement sa confiance personnelle et politique » en Centeno.
L’entretien a permis de « clarifier les questions liées au manque de communication en temps voulu au Premier ministre », sur le versement de ce prêt d’Etat au fonds de résolution bancaire administré par la Banque du Portugal et destiné à Novo Banco, banque née du sauvetage de Banco Espirito Santo qui avait fait faillite en 2014 sur fond d’irrégularités comptables. Les spéculations sur un départ imminent de Centeno circulent depuis plusieurs mois au Portugal. Le chef de l’opposition de droite, Rui Rio, a ouvertement réclamé sa tête.
En poste au moins jusqu’à fin juin?
« Il n’est pas en mesure de rester », a écrit le président du Parti social-démocrate (PSD) sur son compte Twitter, appelant Costa à limoger « un ministre qui ne lui a pas été loyal et qui a été publiquement critiqué par le président ». De fait, le président de la République, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, avait critiqué indirectement Centeno en saluant l’engagement pris par Costa de soumettre Novo Banco à un audit.
La presse portugaise supputait jeudi matin que le ministre des Finances resterait en poste au moins jusqu’à la présentation en juin d’un budget rectificatif contenant les mesures prises en réponse à la pandémie de coronavirus. Ce calendrier devrait aussi lui permettre de mener à terme les négociations sur le plan de relance européen au sein de l’Eurogroupe.
LQ / AFP