La bombe utilisée dans l’attentat de Manchester était un engin artisanal puissant équipé d’un détonateur sophistiqué que le jeune kamikaze Salman Abedi n’a très vraisemblablement pas conçue tout seul, selon des experts.
La bombe a explosé lundi vers 22h30 au niveau d’une des sorties d’une salle de concert où venait de se produire la chanteuse américaine Ariana Grande, faisant 22 morts et 75 blessés. Les premières informations détaillées sur l’engin ont été révélées par le New York Times qui a publié huit photographies montrant différentes parties: détonateur, batterie, fragments d’un sac à dos bleu ou encore morceaux de métal et des vis.
«Au niveau des composants, certains sont accessibles et faciles à trouver», explique Will Geddes, patron d’une entreprise spécialisée dans la sécurité. Mais le «détonateur lui-même», une pièce métallique en forme de tube, «est quelque chose sur lequel il n’est pas facile de mettre la main sans éveiller les soupçons», dit-il en soulignant par exemple qu’une telle pièce passerait difficilement la sécurité dans un aéroport.
Selon le New York Times, le détonateur contenait un petit circuit imprimé, et non pas un simple interrupteur comme c’est souvent le cas, suggérant un retardateur, voire même un récepteur pour un déclenchement à distance, ou une combinaison des deux. «Il est clair que ça lui a été livré par un tiers», estime Will Geddes, une hypothèse qui s’accorde avec l’enquête sur un réseau jihadiste poursuivie par la police britannique.
«Assembler ce type d’engin n’est pas chose facile», renchérit l’expert. «Quand on a des engins explosifs artisanaux, il y a rarement une seule personne isolée, mais plusieurs individus». La BBC a affirmé que le jeune homme aurait servi de «mule» en se faisant exploser avec une bombe fabriquée par quelqu’un d’autre. Selon l’expert, il est tout à fait possible qu’il existe une sorte d’entité centrale capable de «concevoir ou de donner des conseils sur la fabrication de ces engins». La bombe, sans doute contenue dans le sac à dos dont les restes ont été retrouvés et non dans une veste, était assez puissante pour propulser le torse du kamikaze loin de l’explosion et semer la dévastation sur un grand demi-cercle grâce au shrapnel (morceaux de métal) dont elle était constituée.
Selon des sources de sécurité citées par le journal The Independent, l’explosif contenait du peroxyde d’hydrogène, un composé chimique entrant dans la fabrication du TATP, une poudre blanche explosive utilisée dans les attentats de Bruxelles en mars 2016. Parce qu’il est possible de le fabriquer avec des ingrédients disponibles dans le commerce, le TATP «semble être la substance préférée» des terroristes du groupe État islamique, note Will Geddes, selon qui la bombe de Manchester fait fortement penser à d’autres attentats. L’engin explosif aurait pu être fabriqué, livré ou assemblé dans un petit appartement situé au cœur de Manchester et loué par Salman Abedi, selon la presse britannique.
Le Quotidien/AFP