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Manchester : Theresa May sous le feu des critiques


Des véhicules de police stationnent à proximité de la gare de Piccadilly à Manchester, le 26 mai 2017. (Photo : AFP)

Le gouvernement de Theresa May s’est retrouvé sous le feu des critiques de l’opposition à la reprise de la campagne électorale vendredi pour avoir diminué le nombre des policiers, quatre jours après l’attentat de Manchester.

La police a arrêté un nouveau suspect dans la banlieue de Manchester et huit personnes restent en garde à vue dans le cadre de l’enquête pour démanteler le réseau jihadiste derrière l’attentat suicide de lundi soir, revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). Il a fait 22 morts et 116 blessés dont 75 sont encore hospitalisés, selon un nouveau bilan. Suspendue après l’attentat d’un commun accord entre la Première ministre Theresa May et le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, la campagne électorale a repris dans un climat transformé par la mise du pays en état d’alerte terroriste maximal, avec l’armée déployée en renfort de la police.

Le leader travailliste Jeremy Corbyn a souligné le lien entre la politique étrangère du Royaume-Uni et les attentats – une référence aux engagements militaires en Irak et en Afghanistan, ainsi qu’aux frappes menées en Syrie, auxquels il s’est toujours opposé. Une victoire du Parti travailliste aux législatives «changerait ce que nous faisons à l’étranger» a-t-il expliqué, en insistant sur le fait que «la guerre contre le terrorisme ne fonctionne tout simplement pas».

Jeudi, la vice-présidente du parti europhobe Ukip, Suzanne Evans, avait reproché à Mme May d’être «en partie responsable» de l’attaque en raison des coupes dans le budget de la police quand elle était ministre de l’Intérieur (2010-2016) avant de devenir Premier ministre. Le nombre de policiers a diminué d’environ 14%, soit 20.000 officiers, entre 2009 et 2016, selon le groupe de réflexion indépendant Institut d’études fiscales. Les conservateurs sont au pouvoir depuis 2010.

Selon un sondage de l’institut YouGov publié dans le Times, la marge séparant les conservateurs des travaillistes dans les intentions de vote n’est plus que de cinq points, alors qu’elle s’élevait à 24 points en avril. Theresa May a convoqué ces élections anticipées dans le but d’en sortir renforcée en vue des négociations sur la sortie de l’Union européenne qui doivent s’ouvrir peu après le scrutin.

Incident « particulièrement malheureux »

En signe de solidarité, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a effectué une visite éclair à Londres. Il s’est dit confiant que «la relation spéciale» entre les deux pays «surmonterait sans aucun doute» l’incident «particulièrement malheureux» des fuites dans l’enquête de police aux médias américains.

Theresa May a demandé au président américain Donald Trump que les informations sur l’enquête en cours restent «confidentielles», jeudi à Bruxelles au sommet de l’Otan et M. Trump s’est engagé à poursuivre les responsables. La cheffe du gouvernement se trouvait vendredi pour une journée en Sicile au sommet du G7 et doit y exhorter les géants de l’internet à s’impliquer davantage pour éliminer les contenus extrémistes en ligne. Le président français Emmanuel Macron lui a promis de faire «tout ce qui est possible» pour l’aider à lutter contre le terrorisme lors d’une entretien bilatéral.

« Ville résiliente »

Bravant la tension et la peur du terrorisme, la ville de Manchester reprend une vie normale. Des centaines de Mancuniens se pressent ainsi dans les salons de tatouage pour faire graver sur leur peau une petite abeille, symbole de résilience dans cette ville à la culture ouvrière, a constaté une journaliste. Et en fin de journée s’ouvriront les GreatCityGames. Plusieurs médaillés olympiques doivent participer à cette compétition d’athlétisme sur Deansgate, l’une des principales artères de la ville, à quelques centaines de mètres de l’Arena, la salle de concert où a eu lieu l’attentat lundi soir.

«Manchester est vraiment une ville résiliente, et nous attendons avec impatience cet événement sportif majeur, organisé avec le soutien de la police», a déclaré Luthfur Rahman, chargé des affaires culturelles et sportives de la municipalité. Parallèlement, l’enquête sur le réseau jihadiste à l’origine de l’attentat se poursuit. Vendredi matin, la police a arrêté un homme dans le quartier de Moss Side (sud de Manchester). Un autre homme qui avait été arrêté auparavant a été libéré.

Jeudi soir, une longue perquisition s’est déroulée dans une maison à Wigan (ouest de Manchester), où un suspect avait été arrêté la veille. La police a découvert des «objets potentiellement suspects» et a procédé à des «explosions contrôlées». Les découvertes commencent à lever le voile sur l’auteur de l’attentat, Salman Abedi, qui a baigné dans un contexte familial jihadiste et était animé d’un désir de «vengeance», selon ses proches. Né à Manchester de parents libyens ayant fui le régime de Mouammar Kadhafi, il s’était rendu en Libye récemment avant de regagner la Grande-Bretagne quatre jours avant l’attentat.

Le Quotidien/AFP