Le père de l’auteur présumé de l’attentat de Manchester était un membre du Groupe islamique combattant libyen (Gicl) très actif dans les années 1990, a indiqué un responsable de la sécurité à Tripoli.
«Oui il était membre du Gicl», hostile au régime de Mouammar Kadhafi, a dit Ahmed Ben Salem, porte-parole des services de sécurité libyens, à propos de Ramadan Abedi, arrêté mercredi dans la capitale libyenne par ces services.
Son fils, Salman, est l’auteur présumé de l’attentat qui a fait 22 morts et des dizaines de blessés lundi à la sortie d’un concert de musique pop à Manchester dans le nord-ouest de l’Angleterre. Il est mort dans l’attaque revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Traqué par le régime Kadhafi, comme les autres membres du Gicl, Ramadan Abedi avait trouvé refuge en Grande-Bretagne avant de rentrer au pays en 2011 pour combattre aux côtés des rebelles les forces de Kadhafi pendant la révolte de 2011, selon des médias britanniques.
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Après la chute du régime Kadhafi -capturé et tué en octobre 2011 par les rebelles- Ramadan Abedi a occupé un poste de responsabilité dans la Direction de la police à Tripoli, a ajouté M. Ben Salem qui n’était pas en mesure de préciser s’il était toujours en fonction. «L’enquête est en cours. Il est toujours interrogé par les services concernés. Je ne peux pas donner plus de détails», a ajouté M. Ben Salem. Le Gicl avait été formé au début des années 1990 en Afghanistan par des Libyens voulant combattre les Soviétiques et qui sont restés sur place après le départ de ces derniers.
La création de ce groupe a été officiellement annoncée en 1995, avec le seul but de renverser le régime du dictateur Mouammar Kadhafi. Après avoir déjoué une tentative d’assassinat contre Kadhafi, les services de sécurité du dictateur ont lancé une lutte sans merci contre les membres du Gicl, dont la plupart ont fui le pays.
Plainte anti-britannique
Le Gicl maintenait des liens ambigus avec Al-Qaïda et certains de ses membres ont décidé de rejoindre ce réseau jihadiste comme Abou Ans al-Libi, un des leaders du groupe capturé en 2013 à Tripoli par les États-Unis pour son rôle dans les attentats de 1998 contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya.
Al-Qaïda avait annoncé en 2007 le ralliement du Gicl à sa cause, mais cela avait alors été démenti par le groupe qui affirmait que ses actions se limitaient à la seule Libye. Le chef du groupe, le Libyen Abdelhakim Belhaj, avait été remis à Mouammar Kadhafi en 2004 par les services de renseignement américains qui l’avaient capturé.
Libéré par Kadhafi quelques mois avant la révolte de 2011, M. Belhaj a, avec d’autres dirigeants du groupe, combattu aux côtés des rebelles, avant de devenir le chef militaire de la capitale. Il a quitté ensuite son uniforme militaire pour créer son parti Al-Watan. Ses détracteurs l’accusent ainsi que d’autres ex-membres du Gicl d’être toujours actifs et d’avoir des liens avec des groupes islamistes libyens.
Fin 2011, M. Belhaj a porté plainte contre le gouvernement britannique accusé d’avoir œuvré avec la CIA américaine à son extradition en 2004 vers la Libye de Kadhafi, où il avait été emprisonné. La Haute Cour de Londres l’avait débouté au motif que d’éventuelles poursuites porteraient atteinte à la sécurité nationale.
Mais en janvier 2017, la Cour suprême britannique l’a autorisé à porter plainte.
Le Quotidien/AFP