Un employé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été tué dans l’attaque d’un convoi humanitaire près de Gao, dans le nord du Mali, qui a été revendiquée auprès de l’AFP par un porte-parole du groupe jihadiste Mujao.
Un convoi de la Croix-Rouge. (Photo : AFP)
Dans un communiqué publié lundi après-midi, le CICR a annoncé qu’un de ses collaborateurs au Mali avait été tué dans l’attaque d’un camion d’aide de l’ONG près de Gao, la plus grande ville du nord de ce pays, et qu’un membre de la Croix-Rouge malienne avait été blessé. Une source militaire africaine au sein de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et un humanitaire joint par l’AFP à Gao ont confirmé l’attaque qui, selon eux, s’est déroulée entre Gao et Ansongo, à moins de 100 km au sud-est.
Dans un bref entretien téléphonique avec un journaliste de l’AFP à Bamako, Abou Walid Sahraoui, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), a déclaré: « Avec l’aide de la main d’Allah, nous avons tué à côté de Gao, en terre musulmane, un chauffeur qui travaillait pour l’ennemi ». A la question de savoir s’il s’agissait du chauffeur du CICR, il a répondu: « Oui, c’est bien ça. Nous avons eu ce qu’on voulait avec l’attaque ».
Le Mujao a fusionné en 2013 avec les « Signataires par le sang » de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, pour former Al-Morabitoune. Ce dernier groupe a revendiqué un attentat anti-occidental commis le 7 mars à Bamako, la capitale, qui a fait cinq morts (trois Maliens, un Français et un Belge). Selon Yasmine Praz Dessimoz, chef des opérations du CICR en Afrique du Nord et de l’Ouest, l’employé de l’ONG tué lundi « était parti de Gao au volant du camion qu’il conduisait jusqu’à Niamey, au Niger voisin, d’où il devait rapporter du matériel médical pour l’hôpital de Gao, qui en manque cruellement ».
Quant à l’employé de la Croix-Rouge malienne qui l’accompagnait, il « a été blessé mais ses jours ne sont pas en danger », a indiqué Mme Praz Dessimoz. « Les circonstances exactes de l’attaque ne sont pas clairement connues au stade actuel, mais le camion était clairement marqué de l’emblème du CICR », a-t-elle précisé.
> Assaut « bien préparé »
« Le camion allait effectivement de Gao à Niamey pour s’approvisionner en médicaments pour l’hôpital de Gao. Le principe est que chaque heure, le camion donne des nouvelles par radio. A 45 km de Gao, l’attaque s’est déroulée », a de son côté expliqué l’humanitaire joint dans le Nord malien, sans plus de détails. La source militaire à la Minusma a estimé que l’assaut avait été « bien préparé ». « L’attaque s’est déroulée entre Gao et Ansongo. Elle a été menée par aux moins six terroristes. Des coups de feu ont été tirés », a-t-elle dit, confirmant le décès du chauffeur du camion.
En février 2014, cinq humanitaires maliens – quatre membres du CICR et un vétérinaire d’une autre organisation – avaient été enlevés alors qu’ils reliaient Kidal (extrême nord-est) à Gao, leur base. Leur rapt avait été revendiqué par le Mujao. Les cinq otages avaient été libérés mi-avril 2014 à la faveur d’une opération menée par des militaires français dans le Nord, avec des hélicoptères et des moyens terrestres, lors de laquelle ont été repérés des véhicules de ravisseurs, selon les explications de l’armée française à l’époque.
Le Mujao est un des groupes alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont contrôlé le nord du Mali pendant près de 10 mois entre 2012 et début 2013. Les jihadistes en ont été en grande partie chassés par l’opération Serval, lancée à l’initiative de la France en janvier 2013 et remplacée en août 2014 l’opération Barkhane, dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la zone sahélo-saharienne. Mais des zones entières du nord du Mali échappent encore au contrôle du pouvoir central.
Dans son communiqué, le CICR a condamné l’attaque et appelé « tous les belligérants à respecter et protéger les travailleurs humanitaires » qui portent assistance à des milliers de personnes affectées par le conflit au Mali. « La situation humanitaire dans le nord du Mali est inquiétante et nos équipes travaillent d’arrache-pied pour aider les communautés locales », a souligné Mme Praz Dessimoz.
AFP