Plus d’un millier de personnes ont défilé dans les rues de Madrid dimanche pour réclamer la reconnaissance des crimes de la dictature de Franco -mort il y a 40 ans- et la levée de l’amnistie votée en 1977.
En tête de cortège, une banderole floquée slogan « L’impunité franquiste, ça suffit ! ». Les manifestants réclament l’abrogation de la loi d’amnistie de 1977, deux ans après la mort du dictateur, qui empêche les poursuites judiciaires contre les auteurs de d’atteintes aux droits de l’Homme lors de la guerre civile espagnole puis sous le régime dictatorial de Francisco Franco.
Au-dessus du cortège flottaient de nombreux drapeaux républicains. Franco avait pris la tête d’un soulèvement militaire contre la république espagnole en 1936 et mené une répression sanglante après sa victoire en 1939, dirigeant seul le pays jusqu’à sa mort le 20 novembre 1975.
Parmi le millier de participants, beaucoup de personnes âgées arboraient une pancarte portant le nom d’un parent victime du franquisme. Elisa et Manuel Nuñez, 83 et 79 ans, étaient venus marcher pour leur père, fusillé à Caceres (Extrémadure, sud-ouest) « emprisonné et fusillé le jour de Noël 1937, avec 200 autres républicains », raconte Elisa. Manuel milite pour « un pays qui reconnaisse son passé ». Il demande l’abrogation de la loi d’amnistie et l’application de la Loi de mémoire historique, votée en 2007 par un gouvernement socialiste mais restée lettre morte depuis l’arrivée au pouvoir du conservateur Mariano Rajoy en 2011.
Rajoy refuse de « rouvrir les blessures du passé »
La Loi de mémoire historique prévoit, entre autres, la suppression de symboles franquistes encore existants et l’aide aux familles qui souhaitent retrouver les restes de leurs aïeux enterrés dans les fosses communes. Le Parti Populaire de Rajoy, héritier des partis de droite formés après la dictature, refuse de « rouvrir les blessures du passé ». « Le montant alloué à la Loi sur la mémoire historique a été de zéro pendant chacun des budgets présentés par ce gouvernement. Vous entendez : zéro ! » s’est vanté début novembre le chef du gouvernement.
« Ceux qui gouvernent sont ceux qui gouvernaient à l’époque », fustige Gemma Carretero, 62 ans, dont le père a été tué en 1965. Elle a parcouru 200 kilomètres depuis son village de Casas de Haro, au sud-est de Madrid, exigeant elle aussi « que l’on reconnaisse ce qui s’est passé et que l’on abroge la loi d’amnistie ». Et pour Manuel Nuñez, « un pays qui ne se réconcilie pas avec son passé n’aura jamais la conscience tranquille. Jamais ! ».
AFP/A.P