Le président français, Emmanuel Macron, a écrit au président du Parlement européen, David Sassoli, pour réclamer le retour des sessions plénières à Strasbourg « dès octobre » en dépit de l’épidémie de coronavirus, selon un courrier obtenu lundi par l’AFP.
« Il vous incombe de mettre en œuvre sans délai le retour à la normalité institutionnelle et une reprise des sessions plénières à Strasbourg dès le mois d’octobre », écrit le Français dans cette lettre datée du 23 septembre, dont l’existence a été révélée par Les Dernières Nouvelles d’Alsace. « La situation sanitaire est certes difficile, mais elle l’est tout autant à Bruxelles qu’à Strasbourg », estime-t-il.
Contacté, l’entourage de David Sassoli a indiqué qu’une réponse était en cours d’élaboration et que les deux responsables devraient se rencontrer en tête-à-tête en marge d’un sommet européen à Bruxelles. En raison de l’épidémie de coronavirus, les eurodéputés n’ont plus mis les pieds dans l’hémicycle alsacien depuis sept mois et siègent à la place à Bruxelles. Pour la cinquième fois cette année, la plénière strasbourgeoise, prévue du 14 au 17 septembre, avait encore été délocalisée, en raison du classement du Bas-Rhin, et donc de Strasbourg, en « zone rouge » Covid. Et la question se pose de savoir si les sessions qui doivent se tenir du 5 au 8 octobre, puis du 19 au 22 octobre, pourront bien avoir lieu dans la capitale alsacienne.
Il demande des « mécanismes de compensation »
Outre le retour à Strasbourg, Emmanuel Macron suggère dans sa lettre de mettre en place des « mécanismes de compensation » comme « un rallongement des sessions dans les prochains mois » ou encore l’utilisation de l’hémicycle strasbourgeois pour le lancement des travaux de la Conférence pour l’avenir de l’Europe. Selon les traités européens, l’institution a son siège à Strasbourg, où se tiennent habituellement douze sessions plénières de trois jours et demi par an. Mais le reste du temps, les eurodéputés travaillent à Bruxelles, ce qui est source de débats depuis des années.
Tout changement de traité nécessiterait cependant l’aval de l’ensemble des États membres. Les nombreux partisans d’un siège unique, qui serait établi à Bruxelles, dénoncent régulièrement le coût financier et écologique de cette transhumance mensuelle d’environ 2 500 personnes, et le fait que l’immense complexe strasbourgeois ne soit utilisé que quatre jours par mois. « Vivre avec le virus, c’est aussi poursuivre une vie démocratique la plus normale possible », écrit Emmanuel Macron, qui conclut sa missive d’un message à la main : « Je compte sur toi. Le respect des traités me paraît indispensable. »
LQ/AFP