Le Premier ministre macédonien, Zoran Zaev, s’est excusé d’avoir prononcé une insulte homophobe dans une déclaration visant à défendre son gouvernement affecté par un scandale de corruption dans la justice.
En s’adressant mardi à la presse, au siège du gouvernement, le dirigeant social-démocrate a déclaré qu’il ne permettrait pas « à quelques criminels, à un journaliste vaniteux et, là, je demande à la communauté LGBT de me pardonner, à un pédé de renverser le gouvernement ». Il faisait référence au propriétaire d’une télévision locale, Bojan Jovanovski, ouvertement gay, qui est au coeur d’un scandale de corruption.
Zoran Zaev s’est ensuite excusé sur Twitter, dans un message que certains ont considéré tout aussi insultant.
« J’ai utilisé le mot comme un trait de caractère, pas comme une orientation sexuelle », a-t-il écrit, en ajoutant : « Je m’excuse auprès des gens de la communauté LGBT. Je me battrai pour leurs droits comme jusqu’à maintenant ».
Une excuse «plus insultante encore»
Une journaliste locale, Meri Jordanovska, a déclaré que l’excuse du Premier ministre était « plus insultante encore pour la communauté LGBT » que la déclaration précédente.
Zoran Zaev est rentré à Skopje de ses vacances pour gérer le scandale qui commence à affecter son gouvernement. L’affaire a éclaté en juillet lorsque Bojan Jovanovski et son associé ont été arrêtés, sous le soupçon d’avoir racketté un homme d’affaires, Orce Kamcev, soupçonné de blanchiment d’argent. Ils lui auraient proposé de payer un pot-de-vin pour « acheter » la clémence de la justice durant son procès, en usant de leurs liens avec un procureur spécial chargé du dossier.
Un journal de droite italien a récemment publié des enregistrements audio des négociations présumées sur le paiement de ce pot-de-vin, dont un notamment où l’on entend la voix de l’ex-présidente du parquet spécial, Katica Janeva.
Katica Janeva, qui a démissionné en juillet, a confirmé l’authenticité de l’enregistrement, mais elle a affirmé que cette conversation n’avait rien à voir avec l’affaire.
Le scandale a porté un coup dur au bureau de lutte contre la corruption, mis en place pendant une crise politique en 2015 pour se pencher sur des affaires de corruption. Il menace de gâcher aussi le succès du gouvernement qui a négocié avec la Grèce le changement de nom du pays, de Macédoine en Macédoine du Nord, et qui espère entamer prochainement les négociations d’adhésion à l’Union européenne.
AFP