Le lanceur d’alerte des LuxLeaks Raphaël Halet et le journaliste slovaque assassiné Ján Kuciak sont les premiers lauréats du prix inaugural des «Journalistes, lanceurs d’alerte et défenseurs du droit à l’information» de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique (GUE / NGL) au Parlement européen.
Pour la remise du premier prix récompensant des journalistes, lanceurs d’alerte et défenseurs du droit à l’information, les eurodéputés de la Gauche unitaire ont en d’abord voulu rendre hommage à la journaliste et blogueuse maltaise Daphne Caruana Galizia, assassinée le 16 octobre 2017. Aussi, le prix remis le 29 mai à Raphaël Halet et à titre posthume à Ján Kuciak porte le nom de cette journaliste d’investigation dont les enquêtes sur des scandales de corruption éclaboussaient jusqu’aux membres du gouvernement de son pays.
En remettant ce prix au lanceur d’alerte des LuxLeaks et au journaliste slovaque assassiné, les députés de la Gauche unitaire ont voulu les récompenser « conjointement pour leur travail et leur courage d’avoir dénoncé la corruption et les actes répréhensibles des puissants ». Les deux primés ont en commun d’avoir dénoncé des scandales liés à la fiscalité.
Ján Kuciak, qui a été assassiné à l’âge de 28 ans, en février dernier, enquêtait sur des faits de corruption et de fraude fiscale mettant en perspective les liens troubles unissant des hommes d’affaires au monde politique slovaque. Son meurtre avait provoqué une vive émotion et une importante mobilisation en Slovaquie, entraînant la chute du Premier ministre social-démocrate Roberto Fico.
Un jury prestigieux
Raphaël Halet est quant à lui l’un des deux lanceurs d’alerte du scandale fiscal LuxLeaks, l’autre étant Antoine Deltour. Cet ancien employé de PWC avait fait fuiter des documents provenant de l’administration fiscale luxembourgeoise montrant comment des multinationales négociaient de gigantesques rabais fiscaux avec les autorités du Grand-Duché. Poursuivi par la justice luxembourgeoise, il a été condamné pour la révélation de ces documents et n’a pas, au contraire d’Antoine Deltour, été reconnu dans sa qualité de lanceur d’alerte. Il a annoncé sa volonté de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), à Strasbourg.
Pour la remise de ce premier prix dédié à la défense du droit d’informer, les députés européens de la Gauche unitaire avaient fait appel à un jury comprenant plusieurs personnalités marquantes du monde de l’information, à commencer par Matthew Caruana Galizia, le fils de la journaliste maltaise assassinée et lui-même journaliste. Figurait également au jury, le journaliste turc Can Dundar, qui avait été emprisonné en 2015 pour avoir révélé les livraisons d’armes des services secrets turcs à l’Etat islamique, ou encore la lanceuse d’alerte française Stéphanie Gibaud (UBS) et le journaliste de la Süddeutsche Zeitung Frederik Obermaier, à l’origine des révélations des Panama Papers.
Les élus de la Gauche unitaire européenne avaient convié le fils et les sœurs de Daphne Caruana Galizia à la cérémonie de remise des prix au Parlement européen à Strasbourg, le 29 mai.
Le Quotidien