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Lutte contre le cancer : l’UE présente un plan de 4 milliards d’euros


"Nous voulons créer une 'génération sans tabac', avec moins de 5 % des Européens fumant du tabac d'ici 2040, contre environ 25 % aujourd'hui", a déclaré la commissaire à la Santé Stella Kyriakides. (photo AFP)

L’UE a dévoilé mercredi un plan de lutte contre le cancer, prévoyant d’engager 4 milliards d’euros pour financer des programmes de prévention, de recherche et de déploiement des traitements, à l’heure où la pandémie de Covid-19 entrave les diagnostics.

« Malheureusement, nous avons aujourd’hui à travers l’UE divers niveaux d’accès aux programmes de prévention, différents taux de dépistage précoce, de diagnostic, de traitement et de survie. C’est inexcusable », a estimé la commissaire à la Santé Stella Kyriakides, lors d’une conférence de presse. « Nous voulons nous assurer que tous les malades aient la même chance de survie, où qu’ils vivent », a-t-elle ajouté, à la veille de la Journée mondiale contre le cancer, assurant qu’un « registre des inégalités » face à cette maladie serait mis en place par Bruxelles.

Dans le cadre de son vaste projet d' »Europe de la santé », l’exécutif européen entend débloquer des fonds pour renforcer l’accès à des dépistages et à des diagnostics performants, une détection précoce offrant les meilleures chances de survie.

L’objectif est que, d’ici 2025, au moins 90 % des personnes qualifiées pour des dépistages des cancers du côlon, du sein ou du col de l’utérus puissent y avoir accès. Bruxelles envisage d’élargir son soutien aux dépistages des cancers gastriques, de la prostate et des poumons.

Une meilleure coordination souhaitée

En 2020, quelque 2,7 millions de personnes dans l’UE ont été diagnostiquées pour un cancer, et 1,3 million d’Européens en sont morts ; le coût économique du cancer pour les Vingt-Sept est évalué à 100 milliards d’euros par an. La pandémie actuelle a par ailleurs fortement entravé les programmes de dépistage et les traitements.

L’UE souhaite mieux coordonner les systèmes de santé européens en organisant d’ici 2025 un réseau transnational de « centres de traitement oncologique » reconnus, auxquels 90% des patients devraient avoir accès d’ici 2030. Une initiative pour coordonner les programmes de recherche sera lancée cette année.

La Commission va renforcer la prévention, alors que jusqu’à 40% des cancers sont jugés « évitables »: elle fixe l’objectif de vacciner 90% des jeunes Européennes contre le papillomavirus à l’origine du cancer du col de l’utérus. « Ce n’est pas un engagement politique, mais personnel », a observé Stella Kyriakides, qui a confié s’être vu diagnostiquer un cancer il y a 24 ans.

Tabac, alcool, viande…

La Coalition européenne des patients atteints de cancer (ECPC) a salué le plan, « applaudissant particulièrement son approche complète » et le fait qu’il s’attaque « aux complications et comorbidités affectant la qualité de vie des patients ». L’exécutif européen s’efforcera par ailleurs de réduire encore la consommation d’alcool, la pollution, mais surtout le tabagisme, en révisant les directives sur la production et la taxation du tabac.

« Nous voulons créer une ‘génération sans tabac’, avec moins de 5 % des Européens fumant du tabac d’ici 2040, contre environ 25 % aujourd’hui », a indiqué Stella Kyriakides.

La question est plus sensible pour l’alcool : « L’UE ne va certainement pas imposer sur le vin des étiquettes le décrivant comme dangereux, cela n’arrivera pas. Le vin fait partie de notre style de vie », a insisté le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas.

De même, l’UE va « réétudier » ses subventions pour la promotion de viandes rouges ou transformées, aujourd’hui jugées cancérigènes, mais ne parle plus de la possibilité d’y mettre fin comme c’était le cas dans une version préliminaire du plan, regrette l’organisation environnementale Greenpeace.

« Une déception » pour le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), selon qui « cela relève du bon sens que l’UE arrête entièrement de financer des publicités pour la viande ».

AFP/LQ