L’Ukraine a admis dimanche que les forces russes avançaient dans quatre zones de la ligne de front dans l’est où ont lieu des « combats acharnés », mais assuré que ses troupes progressaient dans le sud, un mois environ après le lancement de leur contre-offensive.
« L’ennemi avance dans les secteurs d’Avdiivka, Mariinka, Lyman », a écrit la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar sur Telegram. « Il avance aussi dans le secteur de Svatovoe. » « La situation est assez difficile », a-t-elle poursuivi. « Il y a partout des combats acharnés. »
Seize mois après le début de l’invasion russe, l’Ukraine dit poursuivre sa contre-offensive lancée il y a environ un mois et qui n’a pas permis de déclencher pour l’instant d’avancée décisive, et exhorte ses alliés occidentaux à hâter l’aide militaire promise, à l’approche d’un sommet de l’Otan à Vilnius.
Interrogé au sujet de l’Initiative céréalière de la mer Noire, l’ambassadeur russe aux Nations unies a par ailleurs déclaré ne pas voir « de raisons » de prolonger l’accord qui permet les exportations de céréales ukrainiennes malgré le conflit, et qui doit expirer en juillet.
Pour Guennadi Gatilov, l’accord conclu en juillet 2022 s’est détourné de ses visées humanitaires pour devenir « un projet commercial », fournissant principalement les « pays à revenu élevé », a-t-il déclaré dans un entretien au média russe Izvestia paru lundi. Et les couloirs utilisés « sont régulièrement utilisés par les Ukrainiens pour lancer des drones » militaires, a ajouté le diplomate. « Ce que nous voyons aujourd’hui ne nous donne pas de raisons d’accepter le maintien du statu quo. »
Le 21 juin, Kiev avait dit ne pas être « très optimiste » quant à un éventuel renouvellement de l’accord, après que Moscou avait menacé une nouvelle fois de s’en retirer, estimant que certaines clauses n’étaient pas respectées.
« Aussi rapide que possible »
Dimanche, des responsables ukrainiens ont annoncé avoir été victime d’une nouvelle attaque aérienne nocturne de drones explosifs sur Kiev, la première depuis 12 jours. « Toutes les cibles ennemies dans l’espace aérien autour de Kiev ont été détectées et détruites », a dit Serhïi Popko, le chef de l’administration militaire de la capitale.
L’armée de l’air ukrainienne, dans un communiqué séparé, a annoncé avoir abattu huit drones explosifs Sahed de fabrication iranienne, et trois missiles de croisière.
La vice-ministre de la Défense a ajouté dimanche que les troupes ukrainiennes avançaient pour leur part avec « un succès partiel » sur le flanc sud de la ville de Bakhmout, dans l’est, ainsi que près de Berdiansk et de Melitopol dans la zone sud du front.
Dans le sud, elle a indiqué que les forces ukrainiennes rencontraient une « résistance intense de l’ennemi » ainsi que des champs de mines, et n’avançaient que « progressivement ». Les troupes ukrainiennes « travaillent en permanence et sans relâche à créer les conditions d’une avance aussi rapide que possible », a-t-elle encore écrit.
Manque d’armement
Le commandant en chef de l’armée ukrainienne Valery Zaloujny avait estimé, dans un entretien publié vendredi par le Washington Post, que les forces de Kiev étaient bridées par un manque d’armement. Il avait en particulier réclamé la livraison d’avions de combat américains F-16. « Ils sont nécessaires, il n’y a pas d’autre solution », a-t-il dit au quotidien américain. Il a déploré aussi un manque d’artillerie face au déluge de feu russe.
Mardi, une frappe russe contre un restaurant de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, avait grièvement blessé une soixantaine de personnes, dont l’écrivaine Victoria Amelina. L’autrice ukrainienne est morte samedi, a annoncé l’ONG PEN Ukraine, ce qui porte à 13 morts le bilan du bombardement.
« Le temps que les décisions soient prises, il est évident que beaucoup de personnes meurent, chaque jour, et en grand nombre », a insisté M. Zaloujny.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en recevant samedi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, avait quant à lui critiqué les partenaires occidentaux de Kiev sur le rythme de mise en oeuvre de la formation des aviateurs ukrainiens, habitués aux MiG et Sukhoï soviétiques, au pilotage des F-16. « Il n’y a pas de calendrier des missions d’entraînement. Je pense que certains partenaires traînent des pieds. Pourquoi le font-ils? Je ne le sais pas », a-t-il dit.
Le chef d’état-major américain Mark Milley, depuis Washington, a répondu que les Etats-Unis et leurs alliés faisaient leur possible pour envoyer ce dont l’Ukraine a besoin.
Leur livrer des F-16 ou des missiles tactiques ATACMS, est « sur la table, mais aucune décision n’a été prise pour l’instant », a-t-il dit. La contre-offensive « va plus lentement qu’on ne l’avait prédit », a-t-il également estimé, mais « la guerre, c’est comme ça ».