L’armée russe a affirmé mardi avoir visé un centre de commandement militaire ukrainien à Pokrovsk, après que l’Ukraine l’a accusée d’avoir pilonné des bâtiments civils faisant sept morts dans cette ville de l’est.
« Dans la zone de la localité de Krasnoarmeïsk (nom soviétique de Pokrovsk, ndlr) (…), un centre de commandement avancé du groupement ukrainien ‘Khortytsia’ a été frappé », a annoncé le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. L’Ukraine a immédiatement accusé les Russes de mentir.
« C’est un mensonge complet », a dit à l’AFP Serguiï Tcherevaty, le porte-parole de centre de commandement pour l’est de l’Ukraine, « de mémoire, c’est la quatrième fois qu’ils prétendent quelque chose comme ça ». Lundi soir, à quelques dizaines de minutes d’intervalle, deux missiles russes sont tombés sur un pâté d’immeubles dans le centre de Pokrovsk, faisant sept morts et 81 blessés, selon le dernier bilan donné par le chef ukrainien de l’administration militaire de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.
Une douzaine de bâtiments qui abritaient un hôtel, des cafés, d’autres commerces, des appartements et des bureaux ont été touchés, a ajouté la même source. Mais c’est un immeuble d’habitation de cinq étages qui a été le plus affecté par la première frappe et l’hôtel voisin Droujba dans la seconde.
Interrompues pendant la nuit à cause du risque de nouveaux bombardements, les opérations de secours avaient repris dès l’aube dans cette localité de 60 000 habitants avant la guerre et située à une quarantaine de kilomètres du front oriental. Des journalistes de l’AFP présents lundi soir ont vu les sauveteurs s’activer en particulier autour de l’immeuble de cinq étages, évacuant des blessés au milieu des gravats et faisant descendre certains de ses habitants coincés chez eux à l’aide d’une grande échelle.
Une frappe, puis une autre
Au rez-de-chaussée se trouvait la pizzeria Corleone, un lieu populaire notamment fréquenté par des journalistes. Fin juin à Kramatorsk, une ville plus au nord et également près de la ligne de front, un missile russe s’était aussi abattu sur un restaurant populaire, provoquant la mort de 13 personnes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé dès lundi soir une attaque contre « un immeuble résidentiel ordinaire », postant une vidéo montrant des gens en train d’être extraits des décombres.
Parmi les blessés figurent 31 policiers, sept employés du service d’urgence de l’État et quatre militaires, a précisé le gouverneur Pavlo Kyrylenko. La seconde frappe est en effet intervenue alors que les secours étaient déjà à l’oeuvre. « Depuis le début de l’invasion d’ampleur, 78 membres des services d’urgence d’Etat ont été tués et 280 blessés dans des frappes répétées des Russes » sur des sites où les secours étaient déjà déployés, a dit à la presse Oleksandr Khorounjiï, le porte-parole de ce service. « Les terroristes russes ignorent avec cynisme toutes les normes et règles de la guerre », a-t-il lancé.
Contre-offensive difficile
Sur le plan militaire, la Russie a assuré lundi avoir avancé vers Koupiansk, une ville de l’est de l’Ukraine située à environ 150 km au nord de Pokrovsk, dans une zone reprise en septembre dernier par les forces ukrainiennes et confrontée à une offensive russe depuis plusieurs semaines. L’Ukraine avait reconnu mi-juillet être en « position de défense » dans la région de Koupiansk, l’armée russe y ayant déclenché une offensive.
Les troupes de Kiev ont entamé une vaste contre-offensive en juin pour tenter de reprendre les territoires de l’est et du sud occupés par l’armée russe. Les progrès ont cependant été jusqu’ici assez limités, les Russes ayant bâti de puissantes lignes de défense, faites de tranchées, de pièges antichars et de champs de mines.
La zone de Koupiansk et l’essentiel de la région de Kharkiv avaient été repris à l’armée russe en septembre après une offensive surprise des forces ukrainiennes.Il s’agit aujourd’hui d’un des rares tronçons du front où la Russie est à l’offensive.
Moscou affirme que la contre-offensive de l’Ukraine est un échec, alors que Kiev et les Occidentaux relèvent qu’il faut lui laisser le temps, les combats étant très rudes.