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L’Ukraine attend son nouveau chef de gouvernement


Le parlement ukrainien doit trouver un successeur au Premier ministre démissionnaire Arseni Iatseniouk. (Photo : AFP)

De difficiles tractations se poursuivaient en Ukraine pour trouver un successeur au Premier ministre démissionnaire Arseni Iatseniouk, dont le départ devait être entériné mardi et qui laisse une Ukraine rongée par la crise économique et empêtrée dans un conflit avec les séparatistes prorusses.

«Le vote pour le nouveau gouvernement traîne en longueur à cause du marchandage sur les ministères de l’Energie, de l’Economie et de la Santé», a résumé sur Twitter un député du parti présidentiel Moustafa Naïem.

Les négociations sur la composition du nouveau cabinet se déroulent à la présidence, avec participation notamment du chef de l’Etat Petro Porochenko, de Arseni Iatseniouk et de son probable successeur, le président du Parlement Volodymyr Groïsman, a rapporté l’agence Interfax-Ukraine en citant une source «informée». Alors que les députés devaient entériner mardi la démission de Arseni Iatseniouk, annoncée dimanche, et voter la nomination de Volodymyr Groïsman, l’examen de ce dossier n’avait toujours pas commencé en fin d’après-midi.

«Les négociations sur le cabinet Groïsman sont dans l’impasse. Aujourd’hui il n’y aura rien» au Parlement, a écrit sur Twitter un député du parti du président, Sergui Lechtchenko. «Groïsman et la présidence se disputent la nomination de ministres loyaux», a-t-il ajouté.

Âgé de 38 ans, Arseni Groïsman, jusqu’à présent considéré comme un fidèle du chef de l’État, se serait opposé aux tentatives de ce dernier de placer ses alliés à des postes importants dans le nouveau cabinet afin de renforcer son contrôle sur l’exécutif, selon des médias.

«Groïsman s’obstine. Cela fait déjà quatre heures qu’ils discutent», a rapporté l’influent site d’informations Ukraïnska Pravda. Ancien maire de Vinnytsia (centre-ouest), élu à ce poste en 2006 à l’âge de 28 ans seulement, Volodymyr Groïsman a été réélu pour un second mandat quatre ans plus tard avec 78% des suffrages. Prisé pour avoir notamment développé les routes et les transports publics de cette ville de 370 000 habitants, cet homme est «un accro du travail» avec une «grande capacité à régler les différends», mais qui manque toutefois d’une «vision globale de la situation», selon ses anciens et actuels collaborateurs.

Aide occidentale suspendue

Ces tractations semblent mettre en colère les Occidentaux, fatigués des crises de la politique ukrainienne. «Nous espérons que ce processus sera conclu au plus vite et que ceux qui composeront le nouveau gouvernement seront des gens avec une réputation de réformateurs», a déclaré mardi l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt, cité par son service de presse.

En l’absence d’un nouveau cabinet «avec une claire capacité à mener des réformes», toute aide occidentale à Kiev restera suspendue, a-t-il encore ajouté. La reprise de ce soutien financier de l’Occident dont la part de lion relève du Fonds monétaire international (FMI) est pourtant cruciale pour l’Ukraine ravagée par une gravissime crise économique et le conflit armé avec les rebelles prorusses dans l’Est, qui a fait plus de 9.000 morts et 1,5 millions de déplacés en deux ans.

Certains doutent cependant de la capacité du cabinet Groïsman à s’assurer le renouvellement de cette aide.

Si la nomination de M. Groïsman devrait apaiser les tensions entre les pouvoirs exécutif et législatif, le problème clé est que son gouvernement «sera probablement moins réformateur et compétent» que celui de M. Iatseniouk, au risque notamment de ne pas parvenir à répondre aux exigences du FMI, a écrit sur son blog le Suédois Anders Aslund, spécialiste de l’économie ukrainienne.

Le Fonds réclame de Kiev d’intensifier la lutte contre la corruption et les réformes, parmi lesquelles figurent des mesures d’austérité impopulaires. La démission de M. Iatseniouk, 41 ans, intervient après des mois de mécontentement en Ukraine en raison de l’insuffisance des réformes promises et de scandales de corruption touchant son entourage.

Pro-occidental nommé à la tête du gouvernement dans la foulée de la chute du régime prorusse de Viktor Ianoukovitch en février 2014, cet homme avait échappé à la mi-février à une motion de censure du Parlement, mais celle-ci a pratiquement paralysé le travail de son cabinet et mis en danger la poursuite de l’aide occidentale.

Le Quotidien/AFP