L’UE veut renforcer ses opérations militaires de sécurité hors de son territoire et armer les forces des gouvernements engagés contre les groupes terroristes en Afrique et sur d’autres continents, a annoncé mercredi la Commission européenne.
L’exécutif européen a ainsi soumis aux Etats membres une série de projets pour la défense et la sécurité dotés de financements conséquents au cours de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg. La cheffe de la diplomatie Federica Mogherini a notamment défendu un mécanisme doté de 10,5 milliards d’euros sur la période 2021-2027 pour permettre un co-financement européen des missions militaires de sécurité et l’achat d’équipements et d’armes pour les forces des pays partenaires engagés dans des opérations avec l’Union européenne.
Les missions de sécurité européennes sont pour le moment consacrées à la formation et à l’entraînement des troupes des pays partenaires. L’armement de leurs forces par l’UE, notamment en Afrique où de nombreux coups d’Etat ont été menés par des militaires, est un sujet sensible pour les Etats membres. Il n’a jamais été abordé formellement par les ministres européens et pourrait susciter des oppositions, a-t-on indiqué de sources diplomatiques.
Remplacer le mécanisme Athena
Si elle est approuvée par les Etats membres, la « Facilité européenne pour la paix » (FEP) devrait se substituer au mécanisme Athena, qui assure actuellement le financement des coûts communs des opérations militaires de l’UE conduites au titre de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC), a précisé Federica Mogherini. Six missions sont actuellement financées par Athena: en Bosnie-Herzégovine, au Mali, en Somalie, en République Centrafricaine et les opérations Sofia, pour lutter contre le trafic des migrants en Méditerranée, et Atalanta (contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique).
La FEP sera constituée hors du budget commun de l’UE par le biais de contributions des Etats car les dépenses militaires restent nationales. La Commission a également formellement présenté le projet de Fonds européen de la Défense, doté de 13 milliards d’euros sur sept ans pour aider la recherche dans les technologies et les équipements de pointe et le développement de capacités militaires.
Ces financements sont réservés aux seules entreprises des pays de l’Union européenne et des conditions d’éligibilité très strictes vont écarter celles du Royaume-Uni, qui deviendra un pays tiers après le Brexit, comme celles des Etats-Unis, du Canada, du Japon et de la Russie. Une enveloppe de 6,5 milliards d’euros est en outre prévue pour la mobilité militaire au sein de l’Union.
« Différents facteurs ont renforcé la nécessité pour l’Union européenne de devenir autonome en matière de défense et de sécurité », a souligné Mme Mogherini. « Mais ce travail, nous le faisons en coopération avec l’Otan, car nous continuons à croire dans le rôle crucial de l’Otan », a-t-elle insisté. La volonté d’autonomie de l’UE pour sa défense sera un potentiel contentieux avec le président américain Donald Trump lors du prochain sommet de l’Alliance les 11 et 12 juillet à Bruxelles.
Le Quotidien/AFP