La Commission européenne va proposer une législation contraignant les plateformes en ligne à signaler les contenus pédopornographiques, qui sont en recrudescence, et veut doter l’UE d’un Centre de lutte contre les abus sexuels commis sur des enfants.
Les contenus pédopornographiques « en ligne augmentent de façon exponentielle », a averti vendredi la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, lors d’une conférence de presse, notant que la « situation a empiré avec la pandémie » et les mesures de confinement. Elle a souligné que désormais deux tiers de ces contenus étaient hébergés dans l’UE, notamment aux Pays-Bas.
Quelque 725 000 de ces images ou vidéos en ligne ont été signalées en 2019, contre 23 000 neuf ans plus tôt, selon le Centre américain pour les enfants disparus et exploités, NCMEC. Alors que les signalements relèvent pour l’instant de la bonne volonté des acteurs du net, la Commission va proposer « l’année prochaine une législation pour contraindre les plateformes digitales et réseaux sociaux à détecter, signaler et retirer ces contenus » illégaux, a indiqué Ylva Johansson.
La commissaire a précisé qu’actuellement, environ 80% des contenus signalés l’étaient par Facebook et transitaient principalement sur son application de messagerie Messenger. La responsable suédoise a souligné que lors d’une récente enquête en Allemagne sur 30 000 suspects de pédophilie, des contenus avaient été signalés au centre américain NCMEC, qui les avait ensuite répercutés à Europol. « Il est l’heure aussi pour nous d’avoir en Europe le même genre de centre pour prévenir et lutter contre les abus sexuels, d’avoir une meilleure coordination et une réponse plus rapide », a estimé la commissaire.
Un enfant sur cinq victime d’une forme de violence sexuelle sur le continent
Aucun calendrier précis n’a été fourni concernant la mise en œuvre de ce centre, une analyse d’impact devant être menée afin d’étudier sa forme juridique et les moyens de le financer. L’exécutif européen, qui estime qu’un enfant sur cinq est victime d’une forme de violence sexuelle sur le continent, veut aussi mettre l’accent sur l’aide aux victimes et la prévention. Il entend mettre en place un réseau d’experts et de chercheurs dans toute l’UE, sur lequel s’appuierait le futur Centre.
Ces propositions entrent dans le cadre plus large d’une stratégie de l’UE en matière de sécurité, qui comprend également un plan d’action pour lutter contre le trafic de drogue. Cent tonnes de cocaïne ont été saisies dans l’UE l’année dernière, a indiqué la commissaire. Longtemps région de consommateurs, l’Europe s’est transformée en zone de production, avec le développement des drogues de synthèse « à une échelle industrielle », a souligné Ylva Johansson.
« L’Europe exporte de la drogue aujourd’hui », a-t-elle dit. L’UE a aussi présenté des propositions pour mieux lutter contre le trafic d’armes à feu, qui sont quelque 35 millions à se retrouver illégalement entre les mains de civils dans l’UE. « À la différence de beaucoup qui souffrent économiquement de la pandémie, le business du crime organisé explose », a noté le vice-président de la Commission Margaritis Schinas.
LQ/AFP