Bruxelles veut renforcer le recyclage des vêtements pour lutter contre les dégâts de la « fast fashion » sur l’environnement, en imposant un code numérique sur chaque produit ou un minimum de fibres recyclées, selon un projet présenté mercredi qui couvre aussi les biens de consommation.
« Les vêtements doivent survivre à deux ou trois lavages! (…) D’ici 2030, tous les textiles devront être durables, recyclables », avoir une teneur minimale de fibres recyclées, « et être sans substances dangereuses », a expliqué le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, fustigeant la « mode éphémère » à prix cassés de médiocre qualité.
La feuille de route de l’exécutif européen, qui devra être négociée par les eurodéputés et les Etats membres, propose d’interdire la destruction des articles invendus et de lutter contre le rejet des microplastiques contenus dans les textiles en durcissant les normes de fabrication et de prélavage industriel.
La Commission souhaite également introduire pour les vêtements, comme pour une très vaste gamme de biens de consommation, un « passeport numérique » sous forme de QR code, qui apportera des informations sur la traçabilité et les matériaux aux consommateurs, réparateurs et recycleurs.
Ces passeports numériques « pourront se présenter avec des lettres de performance de A à G, comme le label énergétique actuel de l’UE (…) par exemple pour établir un score de réparabilité » ou de recyclabilité.
Chaque personne dans l’UE achète en moyenne 26 kg de vêtements et linge de maison par an, dont 73% sont importés et jette quelque 11 kg de textile, soit 5,8 millions de tonnes à l’échelle des 27. Dans le monde, où la production textile a doublé entre 2000 et 2015, moins de 1% est recyclée, et jusqu’à 35% des microplastiques relâchés dans l’environnement sont issus de vêtements à base de polyester ou d’acrylique.
Le Luxembourg n’est pas en reste : l’équivalent de 95 t-shirts est jeté chaque minute dans le pays. Nous consacrons d’ailleurs une série de reportages sur les déchets textiles du pays depuis quelques semaines.
Au-delà du textile, l’ensemble de propositions de l’UE vise à rendre « la quasi-totalité des biens physiques sur le marché européen plus écologiques, circulaires et sobres en énergie », dans leur fabrication, leur utilisation, leur recyclage ou l’élimination finale des déchets.
La Commission entend en outre durcir ses exigences sur la conception des produits, qui détermine jusqu’à 80 % de leur impact environnemental, en imposant l’usage de matériaux plus durables, résistants, voire recyclés, et en rendant leur entretien et leur réparation plus faciles, notamment avec un remplacement aisé des batteries de smartphone, a indiqué M. Timmermans.