Les États européens doivent expulser davantage d’étrangers en situation irrégulière vers leurs pays d’origine pour éviter de nourrir une montée du populisme, a estimé jeudi devant le Sénat français la commissaire européenne aux Affaires intérieures.
Ces renvois doivent passer notamment par la multiplication « d’accords pour que les pays d’origine reprennent leurs ressortissants qui ne vivent pas en situation régulière » dans l’Union européenne, où 140 000 migrants sont entrés clandestinement l’an dernier, a plaidé lors d’une audition devant la commission des affaires européennes Ylva Johansson.
« Nous avons besoin d’accords de réadmission avec les pays d’origine plus nombreux et qui fonctionnent mieux. (…) La Commission européenne devrait utiliser tous les outils » à sa disposition pour y parvenir, y compris mettre dans la balance « l’aide internationale, les accords de marché, les visas » ou encore « Erasmus », le programme européen pour l’éducation, a-t-elle énuméré.
La Commissaire européenne, qui a présenté fin septembre à Bruxelles le nouveau Pacte migratoire, a également rappelé que la Commission pouvait conditionner depuis début 2020 l’assouplissement des conditions d’attribution des visas au niveau de « coopération » des États avec les accords de réadmission.
Le soutien des citoyens en danger
« La raison pour laquelle j’insiste autant sur les retours est que les citoyens européens, me semble-t-il, sont prêts à accueillir les personnes en besoin de protection internationale. Mais ils veulent qu’on fasse la distinction entre ceux qui ont le droit de rester, et qui doivent être intégrés, et ceux qui n’ont pas vocation à rester », a-t-elle expliqué.
« Si nous ne sommes pas capables d’être plus efficaces sur les retours, il y a un risque de populisme et le risque de perdre le soutien des citoyens européens », s’est-elle encore inquiétée lors d’échanges quasi-uniquement tournés sur cette question.
« Il y a une assez grande marge de progression » sur la question des éloignements en Europe, a poursuivi Ylva Johansson, soulignant que le taux d’exécution moyen d’une décision d’expulsion est de 30% en Europe mais chute à « 13, 14% pour la France ».
Elle a également fustigé les « très longues » procédures avant qu’une telle décision ne soit prise. Entre-temps, a-t-elle exposé, « les gens s’intègrent dans la société, tombent amoureux, commencent à travailler, et il devient très difficile de procéder à ces retours, c’est ce que je veux éviter ».
LQ/AFP