L’Otan se retrouve à partir de mardi à Washington, pour un sommet, après 75 ans d’existence, censé confirmer son soutien à l’Ukraine, mais dominé par le climat d’incertitude politique aux Etats-Unis.
La France a de son côté dissipé, en partie seulement, les doutes régnant de l’autre côté de l’Atlantique. Le résultat des élections législatives dimanche éloigne la perspective d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite, mais sans apporter de réponse précise sur qui gouvernera la France dans les mois qui viennent.
Aux Etats-Unis, à quatre mois de l’élection présidentielle, le président américain Joe Biden, 81 ans, doit lui, jour après jour, prouver qu’il est non seulement capable de battre son rival républicain Donald Trump, mais aussi de gouverner la première puissance militaire mondiale.
Les appels se multiplient, y compris au sein de son camp démocrate, pour qu’il renonce à se représenter après le calamiteux débat fin juin face à son adversaire de 78 ans, où il est apparu très fatigué et embrouillé.
Et au-delà des électeurs américains, il devra aussi rassurer les dirigeants des 32 pays de l’Otan, attendus pendant trois jours à Washington. Un porte-parole de la Maison Blanche a assuré lundi ne « pas déceler de signe » d’inquiétude de la part des membres de l’organisation concernant Joe Biden.
« Nos alliés s’attendent à un leadership américain », et « qui d’autre pourrait venir (à ma place), j’ai agrandi l’Otan, je l’ai rendue plus forte », a lancé ce dernier, très remonté, lundi sur la chaîne MSBNC. La Finlande et la Suède ont rejoint l’Otan, respectivement en 2023 et cette année, en conséquence de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Au moins 36 morts
La Russie a mené lundi une attaque massive contre des villes d’Ukraine, qui a fait au moins 36 morts, dont certains dans des hôpitaux, à la veille du sommet de Washington. De Varsovie où il effectue une visite, le président ukrainien a réclamé lundi aux Occidentaux une « réponse plus forte » face à la Russie.
Il est attendu mardi à Washington, pour participer aux cérémonies marquant le 75e anniversaire de l’Alliance atlantique, créée en avril 1949 pour répondre à la menace soviétique.
Le président ukrainien réclame avec insistance davantage d’armes pour faire face à la Russie, à l’offensive depuis des mois. Kiev réclame en particulier des systèmes de défense antiaérienne, dont des batteries Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces contre les missiles balistiques. Les frappes russes ont déjà fait des dizaines de morts et détruit la moitié des capacités énergétiques de l’Ukraine. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba avait réclamé en avril sept de ces systèmes pour protéger villes et infrastructures.
Seules l’Allemagne et la Roumanie ont pour l’instant répondu à cette demande, s’engageant à fournir chacune un système Patriot. Les Pays-Bas s’efforcent de leur côté de rassembler différentes pièces pour former une batterie complète au bénéfice de l’Ukraine. Les Etats-Unis ont eux laissé entendre qu’ils fourniraient également une autre batterie de Patriot.
Sur la sellette
Sans fournir de détails, Joe Biden a promis lundi qu’il annoncerait, avec ses alliés de l’Otan, « de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne de l’Ukraine afin d’aider à protéger ses villes et ses civils des frappes russes ».
Kiev souhaite également, mais sans illusion, que sa candidature pour rejoindre l’Alliance atlantique avance à Washington, après les frustrations générées par le manque de progrès sur ce point l’an dernier lors du sommet de Vilnius. L’Ukraine souhaite recevoir une invitation formelle à rejoindre l’Otan, mais plusieurs pays, dont les Etats-Unis, s’y opposent.
Elle devrait en revanche obtenir que cette promesse d’adhésion soit « irréversible », selon un diplomate, précisant toutefois que certaines conditions seraient ajoutées.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a assuré de son côté que l’ensemble des mesures en faveur de l’Ukraine, annoncées lors du sommet de Washington, sont autant d’éléments favorisant son entrée dans l’Alliance.
Il s’agit d’un « effort très sérieux pour mettre l’Ukraine dans une position dans laquelle elle sera prête à assumer son rôle et ses responsabilités au sein de l’Alliance dès le premier jour » de son adhésion, a assuré un responsable américain.
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