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L’ONU va se réunir sur la crise des Rohingyas en Birmanie


Plus de 310 000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh depuis fin août. (photo AFP)

L’ONU, qui a dénoncé un « nettoyage ethnique », va réunir mercredi son conseil de sécurité afin de discuter de la crise des Rohingyas dont plus de 310 000 se sont réfugiés au Bangladesh depuis fin août pour fuir les violences en Birmanie.

A la frontière, les organisations internationales peinent à prendre en charge un tel afflux de réfugiés : malades, blessés pour certains, affaiblis et affamés, ils arrivent complètement démunis dans une zone où les camps sont déjà surpeuplés. « Avant cette dernière crise, les ONG travaillaient déjà sur le terrain, mais l’afflux a submergé les services en place », a expliqué Robert Watkins, le coordonnateur des Nations unies au Bangladesh, ajoutant que la « vague de réfugiés ne semblaient pas faiblir ».

A la demande du Royaume-Uni et de la Suède, le Conseil de sécurité de l’ONU a donc décidé de se réunir pour évoquer ce dossier malgré la résistance de la Chine, principal partenaire économique de la Birmanie. Mardi, Pékin a réitéré son « soutien » à la Birmanie et aux « efforts » des autorités birmanes pour « préserver la stabilité » dans l’ouest du pays. « Nous pensons que la communauté internationale devrait soutenir les efforts de la Birmanie pour préserver la stabilité de son développement national », a dit le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein, avait estimé lundi que « la situation semble être un exemple classique de nettoyage ethnique« . « Nous avons reçu de multiples rapports et des images satellites montrant des forces de sécurité et des milices locales brûlant des villages rohingyas, et des informations cohérentes faisant état d’exécutions extrajudiciaires, y compris de tirs sur des civils en fuite », avait-il déclaré.

Apatrides et rejetés

Cette nouvelle flambée de violences, dans une région souvent en proie aux troubles, a commencé fin août avec des attaques de rebelles rohingyas contre la police birmane, qui ont déclenché une répression de l’armée. Bilan, plus de 400 morts selon l’armée, l’ONU évoquant plus de 1 000 tués. Les rebelles ont déclaré dimanche un cessez-le-feu unilatéral d’un mois, mais le gouvernement birman a répondu qu’il ne négociait pas avec des « terroristes ».

La Première ministre bangladaise, Sheikh Hasina, qui est en visite dans les camps mardi, a affirmé dans la nuit devant les députés que c’était à la Birmanie de « résoudre » cette crise. « Les Rohingyas sont des citoyens birmans. Ils se voient retirer leur citoyenneté par phase et sont forcés de quitter le pays », a-t-elle déclaré. Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations. Ils sont victimes de multiples discriminations – travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, règles de mariage injustes et confiscation des terres.

Dans une déclaration sans ambiguïté, le chef de l’armée birmane a affirmé que « les Rohingyas ne font pas partie de l’histoire du pays ». Et la diplomatie birmane, dirigée par Aung San Suu Kyi, a maintenu lundi soir son soutien à l’armée : elle a assuré que « les forces de sécurité ont reçu pour instructions » d’ « éviter des dommages collatéraux et que des civils innocents soient blessés lors de leur mission légitime de restauration de l’ordre ». La prix Nobel de la paix est très critiquée sur la scène internationale pour sa retenue et sa froideur sur ce sujet.

Le Quotidien/AFP