Le quartier de Borough Market à Londres restait profondément meurtri lundi après l’attentat qui l’a ensanglanté. Mais Londres affiche sa détermination à relever la tête après avoir essuyé sa deuxième attaque meurtrière en trois mois.
« God save the Beer ! » Un homme quittant la scène des attentats samedi soir sa pinte de bière à la main: l’image a fait le tour des réseaux sociaux, illustrant la volonté de résilience de la capitale britannique. Le cliché a été pris au moment où des centaines de personnes fuyaient le quartier animé de Borough Market. Alors que trois hommes ont foncé dans la foule avec une camionnette avant de poignarder des passants, faisant 7 morts et 48 blessés, le fêtard prend garde à ne pas renverser une goutte.
« That’s the spirit, sir », a résumé lundi le tabloïd Sun, relevant que l’image reflétait « le vrai esprit britannique ». « Des gens fuyant une attaque terroriste COMME DES LONDONIENS », a pointé un utilisateur de Twitter.
Dans les quartiers jouxtant le London Bridge et Borough Market, au sud de la Tamise, toujours bloqués par des cordons de police, l’ambiance restait cependant pesante lundi. « C’est le calme plat aujourd’hui. Je n’ai eu qu’un seul client (en début de matinée, NDLR) et je vais fermer plus tôt si ça continue comme ça. D’habitude, il y a plein de gens ici », déplore Charly Doy, qui tient un kiosque à journaux à l’extrémité sud du pont.
« Normalement, il y a beaucoup de monde, tout le monde traverse le pont pour aller au travail. Les gens essaient d’aller travailler, mais l’ambiance est très différente ce matin », relève elle aussi Jessica Bony, une jeune femme qui a trouvé porte close quand elle a cherché à rejoindre son bureau.
« J’ai dû dire à mes collègues de ne pas venir car l’immeuble », situé tout près de l’endroit où la camionnette des agresseurs a fini sa course mortelle, « est totalement fermé », ajoute-t-elle. « C’est assez effrayant ».
Pour William Narvaez, qui n’a lui non plus pas pu rejoindre son lieu de travail, « la vérité est que nous tous qui vivons à Londres sommes meurtris ». « Nous vivons un moment de chaos, de terreur, une situation d’alerte grave », ajoute ce Colombien établi dans la capitale britannique depuis une vingtaine d’années.
Mais Grace McGillick, qui travaille dans les ressources humaines non loin de là, a décidé de conserver son flegme. « Il n’y a pas de raison d’avoir peur. Il faut plutôt adopter une attitude de défi » face au terrorisme, estime-t-elle.
Posant lui aussi un verre à la main sur les réseaux sociaux, un rescapé de l’attentat, Richard Angell, 33 ans, qui dînait à Borough Market, partage ce point de vue. Dès que les barrages seront levés, « je retournerai dans le même restaurant pour finir mon repas, payer mon addition et donner un double pourboire », a fait savoir ce responsable d’un institut de réflexion.
« Si le fait de boire un gin tonic dans un bar sympa et de draguer de jolis garçons les gène (les terroristes, NDLR), je le ferai encore plus », a-t-il ajouté dans le Mirror.
De l’autre côté de la Tamise, dans la City, le quartier des affaires, c’est « business as usual », relève Alister, un juriste de 27 ans. « Je n’ai pas peur. Ils ne changeront pas ma vie », assure lui aussi Oliver Sayers, un consultant du même âge. La Bourse de Londres a d’ailleurs ouvert la semaine à l’équilibre, semblant peu affectée par l’attentat.
« Londres a repris le travail. Les vie des gens continue », s’est félicité lundi Cressida Dick, la patronne de la police londonienne. « Nous ne laisserons personne nous dicter comment vivre nos vies », a assuré de son côté le leader travailliste Jeremy Corbyn, qui défie la Première ministre conservatrice Theresa May lors de législatives jeudi.
Le Quotidien / AFP