Au lendemain de l’attaque revendiquée par le groupe Etat Islamique (EI) qui a fait trois morts à Londres, la police britannique a identifié jeudi son auteur, Khalid Masood, connu de ses services mais sorti de leur radar ces dernières années.
Khalid Masood, né le 25 décembre 1964 dans le Kent, dans le sud-est de l’Angleterre, vivait depuis peu dans les West Midlands (centre) et « ne faisait l’objet d’aucune enquête en cours », a annoncé Scotland Yard.
Il était connu sous différentes identités, a ajouté la police au sujet de l’homme qui a lancé mercredi sa voiture contre la foule sur le pont de Westminster, face à Big Ben, tuant deux personnes – un Américain d’une cinquantaine d’années et une Britannique d’origine espagnole de 43 ans – et en blessant plusieurs dizaines.
L’assaillant a ensuite poignardé à mort un policier après avoir réussi à entrer dans la cour du Parlement, symbole de la démocratie britannique, avant d’être abattu.
« L’auteur de l’attaque en face du Parlement britannique à Londres est un soldat de l’EI et l’opération a été menée en réponse à l’appel à frapper les pays de la coalition » internationale antijihadistes, a affirmé Amaq, l’agence de propagande de l’EI. C’est la première attaque sur le sol britannique revendiquée par ce groupe extrémiste qui enchaîne les revers militaires en Irak et en Syrie.
La police britannique qui pense que l’homme a agi seul, a toutefois arrêté huit personnes à six adresses différentes à Londres, Birmingham et « ailleurs dans le pays ».
Masood avait été condamné à plusieurs reprises dans le passé pour agression, possession d’armes et trouble à l’ordre public, a précisé Scotland Yard. Sa dernière condamnation remontait à décembre 2003 lorsqu’il avait été arrêté en possession d’un couteau. « Il y a quelques années il a fait l’objet d’une enquête du MI5 » (service de renseignement intérieur) en lien avec « l’extrémisme violent », a expliqué la Première ministre Theresa May devant le Parlement, ajoutant qu’il était alors « un personnage périphérique » dans cette enquête.
« Nous n’avons pas peur »
Selon le Guardian, Masood ne figurait pas sur la liste du MI5 des 3.000 personnes les plus susceptibles de commettre un acte terroriste. Jeudi après-midi, des informations venues de Belgique ont fait craindre une tentative d’attaque similaire à celle de Londres à Anvers. Selon la police, un Français, Mohammed R., y a été arrêté jeudi après avoir « mis un danger » des piétons en roulant à très vive allure sur une artère commerçante d’Anvers, sans faire de blessés. Plusieurs armes dont un fusil ont été découvertes dans son véhicule, a annoncé le parquet fédéral belge.
Commise un an jour pour jour après les attentats de Bruxelles qui ont fait 32 morts, l’attaque visant le Parlement de Westminster rappelle celles de Nice (France, 86 morts) et Berlin (12 morts), toutes deux revendiquées en 2016 par le groupe Etat islamique et déjà commises en lançant un véhicule contre la foule.
Résolue à afficher sa détermination face à l’attaque la plus meurtrière depuis douze ans au Royaume-Uni, la Chambre des Communes, au grand complet, a observé une minute de silence avant de reprendre jeudi matin ses travaux. « Nous n’avons pas peur », a clamé Theresa May en s’adressant aux députés, ajoutant que la démocratie allait « toujours triompher ».
La Première ministre a souligné que l’attentat ne remettait pas en cause le déclenchement officiel du Brexit, prévu mercredi prochain. Elle a rendu hommage au policier tué, un « héros ». Une collecte sur internet en faveur de sa famille avait recueilli plus de 100.000 livres jeudi après-midi.
Veillée aux chandelles
Le président des Etats-Unis Donald Trump a lui tweeté qu’un « grand Américain, Kurt Cochran, a été tué dans l’attaque terroriste de Londres ». Vingt-neuf personnes, dont de nombreux touristes, ont été hospitalisées. Sept sont toujours dans un état critique, a indiqué la police. Parmi les blessés figurent trois élèves français qui étaient en voyage scolaire.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, a rencontré jeudi matin leur famille. Il a dénoncé une « attaque contre le coeur de la démocratie » avant de se rendre au Parlement. C’est l’attaque la plus meurtrière au Royaume-Uni depuis les attentats suicide du 7 juillet 2005, revendiqués par des sympathisants d’Al-Qaïda, qui avaient fait 56 morts dans les transports en commun londoniens.
« Londres est déjà passée par là et sait encaisser le coup », a souligné le ministre de Défense Michael Fallon. « Les Londoniens ne se laisseront pas intimider par le terrorisme », a renchéri le maire de Londres, Sadiq Khan. Une veillée aux chandelles était prévue dans la soirée sur Trafalgar Square en mémoire des victimes.
Le périmètre autour du palais de Westminster, coeur politique et touristique de la capitale, était toujours bouclé jeudi mais le pont de Westminster a rouvert. « Mes pensées et mes prières, ainsi que ma plus profonde sympathie, vont à tous ceux qui ont été affectés par l’horrible violence », a déclaré la reine Elizabeth II.
Selon Scotland Yard, les services de sécurité britanniques ont déjoué 13 tentatives d’attentats depuis juin 2013 au Royaume-Uni où le niveau d’alerte antiterroriste reste fixé à quatre sur une échelle de cinq.
Le Quotidien / AFP