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Londres et Bruxelles parviennent à un accord sur l’Irlande du Nord


Après des mois de difficiles négociations, les deux dirigeants se sont retrouvés dans un hôtel de Windsor (Photo : AFP)

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sont parvenus lundi à un accord pour mettre fin à plus d’un an de différend concernant les dispositions post-Brexit en Irlande du Nord.

L’annonce d’un compromis pour modifier le protocole nord-irlandais a été rapportée par les médias britanniques citant une source gouvernementale britannique, puis confirmée par une source européenne, une heure à peine après l’arrivée de Mme von der Leyen à Windsor, à l’ouest de Londres où elle a été accueillie par M. Sunak.

Après des mois de difficiles négociations, les deux dirigeants se sont retrouvés dans un hôtel de Windsor pour ce qu’ils avaient présenté comme des discussions « finales » sur ce dossier, à l’origine du blocage des institutions de la province mais aussi de remous au sein de la majorité conservatrice à Londres. Ils doivent tenir une conférence de presse commune vers 15H30 (locale et GMT).

Blocage politique

Signé en 2020, le protocole nord-irlandais, négocié après le Brexit par l’ancien Premier ministre Boris Johnson, réglemente la circulation des biens entre le reste du Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, qui dispose de la seule frontière terrestre avec l’Union européenne. Ce protocole voulait éviter une frontière terrestre entre l’Irlande et l’Irlande du Nord qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998 après trois décennies sanglantes, tout en protégeant le marché unique européen.

Mais il posait des problèmes pratiques en imposant notamment des contrôles douaniers sur les marchandises de Grande-Bretagne arrivant en Irlande du Nord, et ce même si elles sont destinées à rester dans la province britannique.

Le protocole a ainsi généré des tensions entre l’Union européenne et Londres mais est aussi devenu un problème interne pour Rishi Sunak, confronté à l’opposition des durs du Brexit et à celle des unionistes du Democratic Unionist Party (DUP), opposés à toute remise en cause de l’appartenance de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni. Ces derniers refusent toute application de facto du droit européen dans la province britannique et bloquent le fonctionnement de l’exécutif local depuis un an.

Rencontre avec le roi

« Nous avons besoin que les choses reprennent. Nous devons régler ce problème », a affirmé lundi à l’AFP Vincent Ward, un Nord-Irlandais de 53 ans de Newry, dans le sud-est de la province. « Les gens doivent savoir ce qui les attend », a abondé Joe O’Hanlan, un sexagénaire habitant dans cette ville frontalière avec l’Irlande. « La façon dont ça se passe maintenant, ça a ruiné la vie des gens et causé beaucoup de problèmes ».

Pour calmer les unionistes, Londres avait menacé au printemps dernier de revenir unilatéralement sur l’accord, suscitant la colère de Dublin et de Bruxelles qui avait alors brandi le spectre d’une guerre commerciale. L’accord obtenu lundi doit donc permettre de relancer les relations souvent acrimonieuses ces dernières années entre le gouvernement britannique et les 27.

Côté britannique, les remous ne sont pas forcément terminés. Le DUP « prendra le temps pour étudier les détails et évaluer l’accord », a tempéré sur Twitter le chef du DUP, Jeffrey Donaldson. Après sa conférence de presse avec Ursula von der Leyen, M. Sunak doit rentrer à Londres pour s’adresser aux députés à la Chambre des Communes.

Ses explications s’annoncent délicates: il doit éviter une fronde qui affecterait son autorité après quatre mois au pouvoir. Certains des eurosceptiques les plus durs de sa majorité ont déjà critiqué un compromis qui améliore le protocole sans remettre en cause son principe de maintenir certaines règles européennes en Irlande du Nord.

Entre-temps, Ursula von der Leyen rencontrera Charles III, une visite critiquée par certains qui déplorent que le roi se retrouve mêlé à des discussions politiques aussi controversées. « Le roi est heureux de rencontrer n’importe quel dirigeant étranger en visite au Royaume-Uni et c’est le conseil du gouvernement qu’il le fasse », a réagi le palais de Buckingham dans un communiqué.