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Lisbonne tente d’aider les plus démunis, toujours plus nombreux


Faute de bénévoles suffisants, les militaires sont venus prêter main forte à l'action sociale. (photos AFP)

Comme Pedro Mendonça, des dizaines de Lisboètes font la queue pour recevoir un repas chaud et quelques fruits devant une ancienne caserne de la gendarmerie de Lisbonne, où le nombre des indigents a explosé avec l’épidémie de coronavirus.

Pedro Mendonça, 39 ans, a perdu son travail dans le bâtiment et faute de revenus, il dort dans la rue depuis deux semaines. « J’étais payé à la semaine et quand il n’y a plus eu d’argent on m’a mis dehors. Maintenant je dors dans un coin, n’importe où », dit-il après avoir reçu dans une barquette en aluminium un plat de nouilles préparé dans une cantine scolaire et distribué par des militaires.

Armina Mestre fait le déplacement en bus chaque midi et chaque soir depuis qu’elle ne peut plus se rendre chez sa tante, qui assure sa subsistance en échange de son aide pour garder son enfant. « Tant que l’épidémie dure, dit cette femme frêle de 50 ans, je ne peux pas m’occuper du garçon et je dois venir ici pour avoir de quoi manger ».

La mairie de Lisbonne a créé ces dernières semaines trois points de distribution d’aide alimentaires comme celui-ci, qui dispensent plus de 2 000 repas par jour, et quatre abris temporaires installés dans un gymnase ou dans une piscine pour les sans-abris.

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« C’est le plus important dispositif social que la ville a jamais vu », assure Ricardo Moreira, coordinateur des mesures mises en place par la municipalité. « Les gens qui vivaient de petits boulots ont été les premiers touchés, puis les travailleurs précaires, et là nous voyons déjà aussi des gens de petite classe moyenne », explique-t-il.

Trop de bouches à nourrir, pas assez de bras

Faute de bénévoles, désormais confinés, ou de surplus alimentaires récupérés auprès des restaurants qui sont maintenant fermés, les associations caritatives qui venaient en aide aux plus démunis en temps normal ont « disparu du jour au lendemain », précise ce responsable. Après avoir fait appel aux militaires pour combler au manque de bénévoles, la mairie a lancé une nouvelle plateforme de volontariat où se sont déjà inscrits quelque 1 200 Lisboètes.

Avant la pandémie, Lisbonne comptait quelque 360 SDF connus des services municipaux, dont environ 200 ont déjà pu être logés dans les nouveaux abris temporaires, qui manquent déjà de place pour accueillir tous ceux qui s’y présentent chaque soir.

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« Nous avons reçu beaucoup de demandes de personnes cherchant de l’aide pour quitter la rue afin de se protéger du Covid-19 et bénéficier d’un suivi médical », explique Ricardo Moreira. Sans pouvoir avancer de chiffres précis, ce responsable de la mairie s’inquiète du fait que « le nombre de gens qui se retrouvent à la rue a explosé » depuis les restrictions à l’activité économique.

LQ/AFP