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L’Indonésie déploie des logiciels espions venus du Luxembourg


Le groupe NSO refait parler de lui. (photo AFP)

L’Indonésie a déployé des logiciels espions provenant d’Israël, du Luxembourg et de Malaisie, suscitant des inquiétudes concernant la vie privée et la liberté d’expression, a indiqué jeudi Amnesty International.

Selon Amnesty, la première économie d’Asie du Sud-Est, à forte majorité musulmane, a déployé une série d’outils de surveillance et de logiciels espions invasifs, visant des opposants, des médias et des militants, entre 2017 et 2023, révèle l’ONG dans une enquête menée conjointement avec des médias asiatiques, israéliens et occidentaux.

Ces outils ont été achetés auprès d’un réseau de courtiers, de revendeurs et de fournisseurs au Luxembourg, en Israël, en Malaisie et à Singapour et utilisés par des entreprises et des agences d’État, notamment la police nationale et l’Agence nationale de lutte contre la cyber et la crypto-criminalité (BSSN), selon Amnesty.

« Le commerce obscur de logiciels espions vers l’Indonésie ajoute un autre outil dangereux d’intimidation potentielle. Cela ne peut pas se poursuivre », a déclaré Carolina Rocha da Silva, du laboratoire de sécurité d’Amnesty dans un communiqué.

Sollicités par l’AFP, le ministère indonésien de la Communication et de l’Information, la Police nationale et le BSSN n’ont pas réagi dans l’immédiat.

Parmi les sociétés citées dans l’enquête figure la société luxembourgeoise Q Cyber Technologies SARL, qui a été liée à la société israélienne NSO Group dont le logiciel espion Pegasus a été utilisé pour cibler des journalistes et des responsables gouvernementaux.

L’enquête a révélé que les entreprises possèdent des structures de propriété complexes et peuvent masquer leurs exportations, ce qui rend la surveillance difficile car les produits arrivent de façon directe ou indirecte en Indonésie.

Dans des déclarations à Amnesty, le groupe israélien NSO a déclaré qu’il menait les vérifications nécessaires avant d’approuver les ventes. L’Agence israélienne de contrôle des exportations de défense a indiqué de son côté qu’elle autorisait les cyberexportations vers les gouvernements « uniquement à des fins de lutte contre le terrorisme et de maintien de l’ordre ».

L’Indonésie et Israël n’entretiennent pas de relations diplomatiques formelles et la cause palestinienne dans l’archipel bénéficie d’un large soutien. Amnesty a demandé à l’Indonésie de protéger davantage ses citoyens contre la surveillance et les intrusions de masse.

« Nous appelons le gouvernement et le parlement indonésiens à adopter dès maintenant une réglementation significative, notamment en interdisant les logiciels espions hautement invasifs qui ne peuvent jamais être utilisés dans le respect des droits », a déclaré à l’AFP le directeur exécutif d’Amnesty Indonésie, Usman Hamid.